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En finir avec la soumission

Les discussions avec les États-Unis ont de facto échoué, car nous, Européens, ne devons bien sûr pas céder à leurs exigences», plastronnait dimanche le vice-chancelier et ministre de l’Économie social-démocrate allemand, Sigmar Gabriel, à propos des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (Tafta ou TTIP).

Au-delà de la discussion sur le bien-fondé même d’un tel traité totalement has been à une époque où le libre-échange sans entraves est remis en cause partout autour du globe, au-delà des visées purement électoralistes des propos de Sigmar Gabriel et de l’incongruité politique de voir un vice-chancelier contredire… sa chancelière, l’homme fort du SPD pointe du doigt un problème bien réel de l’UE : sa position de soumission vis-à-vis de la puissance américaine.

L’exemple des sanctions américaines à l’encontre des banques européennes qui ont commercé en dollars avec des pays frappés par un embargo américain en est une parfaite illustration. Ni M. Gabriel ni aucun responsable politique européen d’envergure n’a alors protesté contre cette violation flagrante de souveraineté qui voit les États-Unis imposer leur loi à l’Europe dans ses relations avec des pays tiers. Aujourd’hui encore, nombre de banques sont réticentes à investir le prometteur marché iranien par crainte de représailles américaines.

De son côté, la plus que sulfureuse banque américaine Goldman Sachs a pu placer en 2011 l’un de ses hommes, Mario Draghi, à la tête de la BCE… Un autre exemple est celui qui touche les Européens voyageant aux États-Unis : ils se doivent de communiquer quantité d’informations aux autorités américaines que les citoyens américains se rendant en Europe n’ont pas besoin de fournir, une absence de réciprocité proprement scandaleuse.

L’UE, première puissance économique mondiale, n’a pas à faire de complexe d’infériorité vis-à-vis de l’allié et de l’ami américain. Signer un traité commercial qui favoriserait les entreprises américaines déjà bien implantées de ce côté-ci de l’Atlantique est la dernière chose dont l’Union européenne a besoin.

Nicolas Klein

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