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Essayer autre chose

Les représentants de la troïka, engoncés dans leurs costumes trois pièces de banquiers autoritaires, ont décidé de harceler jusqu’au bout les élus du peuple grec. Malgré l’annonce de son Premier ministre, Alexis Tsipras, de l’organisation d’un référendum sur la dette, malgré le refus de celui-ci de payer la somme de 1,6 milliard d’euros due au Fonds monétaire international, ils ont organisé hier soir une réunion de l’Eurogroupe. Un ultime coup d’épée dans l’eau avant le référendum de dimanche? Sans doute pas. Car l’agitation des Juncker et autres Merkel sert aussi d’écran de fumée. Ils tentent de cacher aux yeux du monde, avec les moyens du bord, le spectacle d’une Europe de plus en plus divisée sur la question de la dette grecque.

Croire que cette troïka est représentative des peuples européens est un leurre. Ils sont de plus en plus nombreux, sur le Vieux Continent et dans le monde, à appeler au cessez-le-feu, à demander une autre stratégie pour la Grèce. Les gauches européennes espèrent que le non au référendum l’emportera. Cela serait le signe tangible que l’austérité, la rigueur et l’aveuglement qui mènent aux destinées des Européens depuis des années n’ont plus leur place. Comment faire confiance à une troïka qui a laissé couler le bateau grec pendant des années? Comment ne pas écouter les arguments du prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, de cette nouvelle génération d’économistes incarnée par Thomas Piketty, qui appellent de leurs vœux l’abandon de l’austérité? Une autre politique économique est possible, ils le répètent à l’envi. Le message commence à circuler mais, à Bruxelles, derrière les lourdes portes closes, le discours reste immuable.

Dimanche, si les Grecs disent non, ils ne diront pas non à l’Europe. Ils refuseront une certaine vision du monde, celle qui les a poussés dans le précipice. Sans les exonérer de leurs responsabilités, ce non ouvrira forcément les portes closes de Bruxelles. Et obligera l’Europe a écouter les idées nouvelles. Elles sont sans doute nécessaires car le modèle actuel est en bout de course.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Bonjour Christophe,
    Je me permets de réagir à l’édito sous rubrique et j’en profite pour commenter un édito antérieur intitulé « Baissons le pont-levis ».
    Nous dirons pour les deux que vous êtes atteint très sérieusement (je vous l’avais déjà fait remarquer antérieurement) d’un syndrome du bisounours aigu. Faut pas trop s’alarmer, Bono (de U2) l’est aussi et il se porte très bien.
    Vos propos ne sont décidément pas fondés sur un travail journalistique sérieux mais sur des élucubrations émotionnelles assez proches de ce qu’on pouvait lire et entendre en mai 68 (j’étais né mais pas vous je pense).
    Concernant « Essayer autre chose », Je vous donne néanmoins raison concernant le rôle et la responsabilité de l’Europe concernant le chaos actuel de la Grèce.
    Vous connaissez l’adage : « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour… »
    Et c’est ce que l’Europe fait depuis plus de 30 ans…elle donne son poisson quotidien à la Grèce qui s’en satisfait tellement qu’elle n’a jamais jugé utile de prendre les mesures nécessaires pour se doter d’un système fiscal ou social efficient.
    « Si tu apprends à un homme à pêcher, il mangera toute sa vie ».
    Et c’est là que le bât blesse : on ne leur a rien appris et on les a laissé dériver dans leur négligence et leur laxisme.
    Pour qu’un état puisse assurer sur le long terme le paiement de pensions, il doit mettre en place de manière fiable une tirelire qu’on appelle chez nous «caisse de pension ». Là, rien de tel, on continue à payer des pensions à des Grecs morts depuis longtemps avec les « poissons européens quotidiens ».
    Si on veut aider les chômeurs, on élabore un système d’assurances sociales qui peut prendre en charge le problème. Encore une fois, rien de tel en Grèce puisqu’on indemnise depuis des lustres des « chômeurs » qui sont aussi actifs que vous et moi…avec le même poisson.
    Si on veut assurer la pérennité de l’Etat et rembourser ses dettes, on met en place des mécanismes fiscaux justes et efficaces (impôts directs, TVA…etc.). Rien de tout ça en Grèce, on rembourse les dettes avec… le poisson.
    Là est notre responsabilité et il est extrêmement difficile maintenant de corriger le tir. Je pense sincèrement que les Grecs vont dire « oui » au référendum parce qu’on les trop habitués au poisson et qu’ils ne sont pas prêts à apprendre à pêcher.
    Concernant les « migrants » ou « réfugiés », appelez ça comme vous voulez, la situation est différente. Il y a deux cas de figures : les pays européens qui n’en veulent pas (la majorité) et ceux (plus rares) qui y voient une certaine opportunité.
    Ceux qui n’en veulent pas : l’Espagne, le Portugal, la Grèce, les états baltes et de manière +/- générale les (ex)pays de l’Est. On peut comprendre la réaction des pays du « sud » qui sont confrontés à de telles difficultés économiques et sociales (taux de chômage effrayant par exemple, dette) qu’ils ne se sentent pas à l’aise pour accueillir et intégrer des bouches à nourrir supplémentaires puisqu’ils ne sont pas en mesure de le faire pour leurs propres citoyens. Ils savent objectivement qu’ils ne pourront pas en faire des « acteurs économiques » dignes de ce nom (acteur économique = élément qui pourra contribuer par sa qualité, ses compétences et sa motivation à la prospérité du pays, avoir des revenus, devenir consommateur…etc. selon votre théorie).
    Pour les autres, il s’agit davantage de critères sociologiques, idéologiques et protectionnistes.
    A ce stade, le seul pays qui y voit une réelle opportunité c’est l’Allemagne. Sa population est vieillissante et manque de bras : alors elle baisse le pont-levis, accueille la plus grosse proportion de migrants (+ de 200.000 en 2014) en faisant le pari de leur intégration à terme dans la machine économique.
    Comme je vis partiellement en Allemagne, j’ai répondu à l’invitation qui m’était faite d’assister en début d’année, aux discours de nouvel-an organisé par ma commune de villégiature. Une heure de discours : ¼ d’heure consacré aux bons résultats et projets communaux, ¾ heure consacrés à convaincre de la nécessité d’accueillir des migrants, les intégrer etc. Ils ont même fait un appel à des bénévoles pour leur apprendre la langue et faciliter leur intégration dans l’activité socio-économique du pays. Et l’accueil était plutôt favorable. On ne vous a donc pas attendu là-bas pour « baissez le pont-levis ».
    Alors soyons sérieux. Au lieu de vouloir donner des leçons au reste du monde, veillez à fournir un travail journalistique sérieux sur des sujets que vous ne maitrisez pas et qui reflètent uniquement vos états d’âme du moment.
    Je termine en vous renvoyant à un de vos confrères qui se documente et produit régulièrement des éditos pertinents notamment sur le sujet de la Grèce et que je lis bien volontiers :
    http://www.lesoir.be/923239/article/debats/editos/2015-06-30/grecs-ont-droit-verite-creanciers-aussi
    Là, le travail journalistique et l’expertise sont réels, à mille lieues des émotions du genre Mai 68 que vous partagez d’ailleurs avec votre collègue F.Grasset (mais lui, seulement une fois sur deux).
    Très amicalement.

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