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GAFA : de la parole aux actes

Faute d’accord européen, Paris va jouer solo et taxer, en 2019, les géants du numérique. Les GAFA, qui pratiquent l’évasion fiscale massive en installant leurs sièges au Luxembourg ou en Irlande, seront imposés sur leurs chiffre d’affaires, rentrées publicitaires et revente des données de leurs utilisateurs en France.

Par cette annonce, le gouvernement veut donner le change aux gilets jaunes dont la fronde est alimentée par l’injustice fiscale. Et ajoute une pierre à sa stratégie de culpabilisation des contestataires en les rendant comptables de la nécessaire compensation des pertes budgétaires induites par l’augmentation du SMIC et la suppression de la CSG pour une partie des retraites. Ces artifices, qui ne pèseront pas bien lourd dans le portefeuille des Français, coûteraient 10milliards à un État qui en cède par ailleurs des centaines chaque année au secteur privé.

Emmanuel Macron avait fait de la taxation des GAFA un symbole de son action européenne. En échouant à l’imposer à ses partenaires, il essuie une énième déconvenue sur le terrain communautaire. Le président marcheur, présenté d’abord en messie d’une Union européenne à la dérive, n’a fait qu’encaisser des débâcles humiliantes, de la gouvernance de la zone euro au travail détaché.

Son offensive fiscale contre les GAFA vise à redorer une crédibilité réduite à néant dans l’Hexagone et en Europe. Pourtant, dans les faits, il est très accommodant avec les GAFA, qu’il place au pinacle de son panthéon néolibéral. Amazon doit 250 millions d’euros au fisc et Google plus d’un milliard ? Dans les deux cas, les champions américains ont payé bien moins que ce qu’ils devaient. Combien, au juste ? L’accord tient du secret d’État. En matière de transparence, Macron ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Vouloir taxer les GAFA est louable tant l’injustice fiscale ronge les économies et détruit la démocratie.

Mais pour convaincre, Macron devra cette fois dépasser le stade des pirouettes, de la com. Il doit rompre avec un exercice du pouvoir au service de plus en plus exclusif d’intérêts particuliers. Car c’est bien cela qui exaspère au plus haut point les Français.

Fabien Grasser

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