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Salaires : il n’y a pas de fatalité

L’heure est-elle à la redistribution? Au Luxembourg, la coalition a fini par céder aux revendications syndicales d’une augmentation de 100 euros du salaire minimum. En France, face aux «gilets jaunes», Macron annonce le versement par l’État – donc le contribuable – d’une prime de 100 euros pour revaloriser le salaire minimum. Plus discrètement, le Parlement slovène a adopté, mercredi, une hausse de 10 % du revenu minimum après des années d’austérité. Plus spectaculaire, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a signifié le même jour que son gouvernement augmenterait le salaire minimum de 22 %. Pour leur part, organisations patronales, partis de droite et Commission européenne fulminent contre de futurs dérapages budgétaires, émettent des sentences définitives sur cet argent que l’on distribue et que l’on n’a pas.

Ces décisions seraient donc frappées du sceau de l’irresponsabilité, car elles ne prendraient pas en compte la réalité économique. Vraiment? La vérité est que depuis trois décennies les inégalités augmentent à L un rythme et dans des proportions jamais atteints. Depuis 2015, les 1 % les plus riches détiennent autant de richesses que le reste de la planète; depuis 2017, huit hommes seulement possèdent autant de richesses que les 3,6 milliards d’habitants les plus pauvres de la planète; en 30 ans, le revenu de la moitié la plus pauvre de la population n’a pas évolué, tandis que celui des 1 % les plus riches augmentait de 300 %. Ces données, déclinables à l’infini, témoignent d’une évidence : l’argent ne manque pas, mais est mal réparti entre ceux qui produisent les richesses et ceux qui détiennent les capitaux.

Les décisions prises ces derniers jours en faveur des salaires se fondent sur une réalité de fins de mois devenues difficiles, sinon impossibles, pour une part grandissante des salariés. Les tenants de l’austérité (pour les pauvres) et des baisses d’impôts (pour les riches) jugent le raisonnement simpliste, mais sont bien incapables d’expliquer un phénomène face auquel ils n’ont rien à proposer. Un peu comme s’il s’agissait d’une fatalité, bien sûr.

Fabien Grasser

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