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Dealer tué à Leudelange : retour sur les lieux avec la reconstitution


Tout au long de la reconstitution dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff, les prévenus Lee K. et Alden S. ont défendu bec et ongles leur propre version des faits.(Photo : Fabienne Armborst)

Le procès des homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam, qui avaient frappé l’actualité début novembre 2016, a entamé mardi sa deuxième semaine. Lors de cette 5e audience, la chambre criminelle a visualisé la reconstitution qui avait été réalisée un an et demi après la macabre découverte dans la forêt.

Le dealer est mort d’une balle dans la tête. Mais qui a appuyé sur la détente dans la nuit du 9 au 10 novembre 2016 avant que son corps sans vie ne soit déposé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff? C’est la question sur laquelle planche la 13e chambre criminelle depuis la semaine dernière.

Les deux prévenus, Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans), se renvoient la balle. Aucun des deux ne reconnaît avoir appuyé sur la détente du pistolet Walther P99. Confronter les deux prévenus et les mettre en contradiction, c’était l’objectif de la reconstitution judiciaire. C’est ainsi que juge d’instruction, procureur d’État adjoint, enquêteurs de la police judiciaire… et les deux prévenus se sont retrouvés dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff en date du 10 juillet 2018. Au bord du chemin, là où le garde forestier avait découvert le cadavre et en présence de la Mercedes A170 grise, les deux prévenus étaient censés répéter les actes qu’ils prétendent avoir faits pour vérifier la réalité de chacune des versions défendues.

«Tu ne racontes que des salades»

Mis à part le fait qu’ils étaient à bord de la même voiture et que le dealer avait pris place sur le siège passager, ils se contredisent sur quasiment tout. Sur les images visualisées mardi matin au 5e jour du procès, on aperçoit Alden S. les bras croisés ou gesticulant. Lee K., pour sa part, garde la plupart du temps les mains dans les poches. Lui prétend que c’est Alden S. qui était fortement intéressé par la cocaïne. Mais ce dernier nie. «Si tu mens, ton nez s’allonge toujours plus. On est ici pour raconter la vérité», lui lance-t-il sur un ton plutôt énervé. La version de Lee K. selon laquelle il aurait consommé 1 g de drogue ne lui aura pas du tout plu. «Tu ne racontes que des salades!» Ambiance.

Si Alden S. résume en moins de six minutes la rencontre avec le dealer, leur voyage jusqu’à la gare de Lamadelaine, puis enfin sa mort, Lee K. est moins dynamique. Il prend son temps lorsqu’il raconte sa version des faits. «Si tu sais ce qu’il s’est passé, t’as pas besoin de 10 minutes pour réfléchir à ce que tu dois dire», l’interrompt soudainement Alden S., toujours énervé. «Tout ce qu’il dit est faux de A à Z», finira-t-il par dire de la version de Lee K. au bout d’une bonne heure de confrontation.

Mais le procureur d’État adjoint David Lentz, présent lors de toute cette confrontation, n’a pas encore dit son dernier mot. «Celui qui n’a pas tiré, pourquoi n’a-t-il pas appelé la police?» La réponse d’Alden S. ne se fait pas attendre : «J’ai une famille. Il m’a menacé…»

– «Si Lee K. a tiré, il est plus dangereux à l’extérieur qu’en prison…»

Lee K., quant à lui, déclare avoir «peur de la police». Quand la juge d’instruction lui fait remarquer qu’il avait pourtant à sa disposition de superbes photos montrant les traces de sang à l’intérieur de son véhicule, il rétorque : «Je n’ai jamais été présent lors d’un assassinat.»

Le procureur d’État adjoint constatera encore qu’aucun des deux n’avait assez d’argent pour acheter les 5 g de cocaïne qui ont finalement été récupérés entre les dents du cadavre.

Alden S. et Lee K. avaient été arrêtés après que la mère de ce dernier avait découvert sa voiture ensanglantée avec la vitre passager cassée. Au cours de l’enquête, il s’était toutefois avéré que d’autres proches auraient pu avertir la police.

Des confidences compromettantes

Selon l’ami qui faisait régulièrement les injections de testostérone à Lee K., ce dernier lui aurait confié avoir tué la jeune prostituée retrouvée morte le 14 novembre 2016 sur le parking du Fräiheetsbam entre Strassen et Bridel. Il lui avait donné la précision qu’elle était morte d’une balle dans la tête. Mais il lui avait fait cette révélation avant même que ce détail ne figure dans la presse. Une preuve, d’après l’enquêteur, que Lee K. disposait d’informations d’initié.

Toujours d’après ce même témoin, Lee K. lui aurait aussi confié avoir tué le dealer retrouvé dans la forêt de Leudelange. Un acte qui lui aurait rapporté 2 000 euros. Mais il lui avait conseillé de la boucler. Car sinon lui aussi serait victime d’un tir. Aussi lui aurait-il fait part dans le passé de son projet d’attaquer des gens pour de l’argent. Pour lui, chaque centime compterait.

Visiblement, ce n’est pas la seule connaissance de Lee K. à avoir eu droit à ce genre de confidences. À un autre ami qui, lui, avait repéré les traces de sang sur la banquette arrière de la Mercedes, il aurait raconté avoir tué le dealer alors qu’une autre personne conduisait.

Ce mercredi matin, la chambre criminelle et les parties au procès se rendent à la fourrière judiciaire pour une reconstitution complémentaire en présence de l’expert en morphoanalyse des traces de sang. Suite des débats dans l’après-midi.

Fabienne Armborst

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