Accueil | Grande Région | Assassinat du directeur d’école à Woippy : l’heure du procès

Assassinat du directeur d’école à Woippy : l’heure du procès


Le véhicule de Chanel Mallinger a été découvert le 11 décembre 2013 sur un parking de Woippy-village. A l’intérieur, la dépouille du directeur d’école lacérée de 42 coups portés avec une arme tranchante. (photo archives RL/Gilles Wirtz)

Nombre d’éléments ont justifié son renvoi devant les assises de la Moselle. Deux ans et demi après la découverte du corps lacéré de Chanel Mallinger à Woippy, Ahmet Secen se dit toujours étranger à l’affaire. Le procès a débuté ce lundi matin et le verdict est attendu vendredi.

La cour d’assises de la Moselle va plonger, lundi, dans la froideur du mois de décembre 2013. Rue de Biche, au cœur de Woippy-village, sur un parking discret, peu éclairé. C’est là que les recherches de la police se sont arrêtées. Ce 11 décembre, les agents trouvent, vers 1 h du matin, celui qu’ils recherchent à la demande de sa compagne, inquiète. Chanel Mallinger, directeur de l’école primaire Paul-Verlaine de Woippy, est découvert dans son véhicule Touran recouvert de givre. Le corps est désarticulé sur la plage avant, côté passager. Les jambes en arrière, la tête posée sur la planche de bord. « C’est comme si on l’avait jeté là », observe un enquêteur à l’époque.

Le cadavre de la victime est lacéré de 42 coups portés avec une arme tranchante, concentrés essentiellement sur le flanc droit. Crâne, visage, œil percé, bras, fesse, l’auteur s’est acharné sur l’homme de 52 ans, qui ne s’est pas laissé faire. Des blessures de défense aux mains témoignent d’une vraie lutte. Une lutte à mort, qui a eu lieu la veille au soir, aux alentours de 19h30.

La stupeur s’est emparée du monde scolaire et syndical. Pour la violence des faits. Parce que la victime était un homme connu et reconnu dans ces milieux qu’il avait fait siens depuis trente ans.

Alors que le temps est encore aux larmes et aux hommages pour le directeur, le 16 décembre, les hommes de la PJ de Metz cueillent Ahmet Secen. Sa femme, assistante pédagogique, entretenait avec la victime, du genre séducteur, une relation extraconjugale. Mais pourquoi ce mari trompé, plus qu’un autre ? Les enquêteurs ont vérifié d’autres pistes. Les portes ont été fermées une à une.

Un mobile, de l’ADN et pas d’alibi…

A l’inverse, les éléments contre Ahmet Secen se sont accumulés au fil des expertises et des auditions. Son alibi a volé en éclats quand ses parents ont indiqué aux enquêteurs que leur fils n’était pas chez eux, le 10 décembre, à l’heure du crime. Depuis, les époux sont revenus sur leurs premières indications. « Mais c’est bien tardif, soupire Dominique Rondu, avocat de la famille de Chanel Mallinger. Il y a également l’ADN de l’accusé, trouvé dans le véhicule de la victime. C’est un élément central. » Des experts ont trouvé l’ADN de Secen, en abondance, sur l’appui-tête conducteur. Il paraît peu probable que ces traces génétiques aient été amenées indirectement par son épouse. Alors, Ahmet Secen a adapté sa version et expliqué qu’il était monté dans le nouveau véhicule de Chanel Mallinger pour l’essayer. « Qui peut le croire ? », déplore l’avocat des parties civiles.

Pas le juge d’instruction, persuadé que le quadragénaire était au courant de la relation entretenue par sa femme avec le directeur d’école. Ahmet Secen avait déjà menacé l’enseignant. Il surveillait sa femme de très près. Depuis l’affaire, elle est cachée avec ses enfants dans un endroit tenu secret…

Un mobile, pas d’alibi. Dans le scénario ciselé établi par le juge d’instruction et la PJ, rares sont les zones d’ombre. Une, peut-être : Chanel Mallinger a-t-il été tué rue de Biche ou avant, sur le parking de l’école ?

La vidéosurveillance a capté, le 10 décembre au soir, le drôle de manège du Touran, et une masse sombre non identifiée dans l’habitacle. « On a bien sûr des questions à poser à l’accusé là-dessus, prévient Me Rondu. Malheureusement, je crains qu’il reste dans sa posture de dénégation. »

A défaut d’aveu, le magistrat instructeur estime, dans son ordonnance, « qu’Ahmet Secen attendait et guettait » la sortie du professeur des écoles. Le signe d’un plan méthodique, au cours duquel le tueur serait rentré dans le parking de l’école Paul-Verlaine en coupant le grillage avec une pince. Une préméditation en forme de guet-apens, qui explique un procès engagé pour assassinat.

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)

L’accusé est défendu par le pénaliste lillois, Me Eric Dupond-Moretti. Le procès à suivre en direct, ce lundi dès 9 heures, sur le site du Républicain lorrain et jusqu’au verdict, vendredi.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.