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Double meurtre de Montigny : 30 ans de quête et toujours pas de vérité


Ginette Beckrich et Chantal Beining, les deux figures des familles des victimes, ici lors d’une reconstitution des faits, en 2006. (photo archives RL/Anthony Picoré)

C’est une funeste date. Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, ont été tués à coups de pierres le 28 septembre 1986 à Montigny-lès-Metz. Le départ d’une odyssée judiciaire vertigineuse. Trente ans de mystère.

Elle a porté de nombreux noms. L’affaire Dils, l’affaire Heaulme, l’affaire Heaulme-Leclaire. Elle a été aussi affublée de plusieurs qualificatifs. Les plus utilisés : le désastre ou le mystère de Montigny-lès-Metz… C’est dire s’il s’est passé des choses, depuis la découverte des corps suppliciés de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, en haut du talus SNCF de la rue Venizelos, à Montigny-lès-Metz. C’était le 28 septembre 1986. C’était il y a trente ans.

Dans la mémoire judiciaire, il y a l’affaire Grégory. Et celle de Montigny-lès-Metz. Les ressorts sont différents mais toutes deux gardent un côté énigmatique qui fascine les observateurs et décourage les familles touchées.

Montigny-lès-Metz, c’est d’abord l’horreur. Le meurtre à coups de pierres de deux gamins de 8 ans qui se connaissaient à peine. C’est ensuite l’une des plus graves erreurs judiciaires de l’histoire. Elle est incarnée par le visage d’un adolescent de 16 ans, devenu homme en prison à cause d’un crime qu’il n’a pu commettre. Quand les enfants ont rencontré leur bourreau, Patrick Dils roulait avec ses parents sur les routes de Meuse.

L’ado était absent mais il a avoué. Et plusieurs fois. Ses mots ont tout emporté, la conviction des parties civiles comme celle de la justice, qui le condamne en 1989 à la perpétuité. Puis une deuxième fois en 2001. Il a été acquitté en 2002, lors de son troisième procès.

En 2017, il faut l’espérer, les familles Beining et Beckrich vivront leur cinquième procès après l’acte manqué de 2014. Un parcours hors-norme sans que l’on sache combien d’hommes seront présents dans le box des accusés.

« On a condamné pour moins que ça »

Francis Heaulme, c’est certain. Le routard du crime a été renvoyé devant les assises de la Moselle en 2013. Sa présence avérée sur les lieux a servi la cause de Patrick Dils.

« Mais il n’y a pas que ça dans le dossier. On a condamné pour beaucoup moins que cela », grince Me Dominique Boh-Petit, avocate de Chantal Beining.

La liste des éléments à charge contre le tueur en série est longue : des confidences au gendarme Abgrall aux croquis ultra-précis de la scène de crime, en passant par certaines discussions avec des codétenus, au cours desquelles il évoque Montigny, Francis Heaulme n’apparaît jamais bien loin. La défense répond avec fermeté qu’il n’y a rien de « déterminant ».

Aucun élément matériel irréfutable, c’est vrai. Les scellés ont été détruits à une époque où l’on pensait le dossier réglé…

Francis Heaulme sera-t-il accompagné, durant le procès, par Henri Leclaire ? La menace s’est éloignée cet été pour ce sexagénaire qui avait avoué le crime en décembre 1986, « un temps où on connaît la valeur des aveux » conteste son avocat, Me Thomas Hellenbrand. La chambre de l’instruction de Metz a infirmé l’ordonnance de renvoi des juges d’instruction.

Cet homme n’est pas encore tout à fait tiré d’affaire puisque Chantal Beining s’est pourvue en cassation. Avec le même état d’esprit qui la guide depuis la fin des années 2000.

« Si je n’avais pas fait appel pour Heaulme, le dossier serait mort. Il n’y aurait pas de procès, plus rien. Alors pour Henri Leclaire, je veux aller jusqu’au bout de ce que je peux faire. » Aller au bout des choses. Après trente ans de souffrances, l’attente apparaît légitime.

Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)

Jacques Pradel consacrera deux émissions spéciales à cette affaire-clé des annales judiciaires lorraines (L’heure du crime, de 14h à 15h sur RTL), en direct depuis les locaux du Républicain Lorrain, ce mercredi 28 septembre.


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