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Grand Est : l’Alsace espère toujours faire région à part


L'éventualité d'une fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin est perçue comme un premier signe positif dans cette région de près de 2 millions d'habitants qui continue d'afficher son vif désamour du Grand Est. (illustration AFP)

Deux ans après la fusion très contestée de l’Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, la « réflexion sur l’avenir » de l’Alsace lancée par Matignon ouvre un nouvel horizon pour les opposants à la réforme Hollande qui réclament une nouvelle collectivité s’inspirant de la Corse.

La décision du Premier ministre Édouard Philippe, annoncée début février de missionner le préfet alsacien Jean-Luc Marx pour étudier l’éventualité d’une fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, est perçue comme un premier signe positif dans cette région de près de 2 millions d’habitants ancrée à droite et qui continue d’afficher son vif désamour du Grand Est.

Au lendemain de l’annonce de Matignon, 130 élus alsaciens LR, UDI, LREM et membres de la société civile ont signé une déclaration « Cap vers l’Alsace ! » et lancé un appel pour « une collectivité territoriale d’Alsace à statut particulier », dotée de compétences d’État, notamment en matière d’enseignement linguistique, économie, tourisme, formation professionnelle, bilinguisme.

« La population n’a pas accepté ce Grand Est », rappelle le député LR de Colmar, Eric Straumann, l’un des plus farouches opposants à la réforme Hollande. « J’entends régulièrement des gens qui me disent qu’ils sont insatisfaits de cette évolution institutionnelle qui s’est faite sans leur avis et de manière anti-démocratique », insiste l’élu.

Le préfet, qui doit rendre un rapport au printemps, a été chargé de « mener des réflexions sur cette question » avec une condition : la mission devra plancher « sans remettre en cause la région Grand Est », écartant ainsi l’hypothèse d’une renaissance de la région Alsace.

« Le problème alsacien »

Alors que l’ancien Premier ministre Manuel Valls affirmait de façon péremptoire en octobre 2014 à l’assemblée nationale « qu’il n’y a pas de peuple alsacien », Édouard Philippe a envoyé un « message de style gaullien : Je vous ai compris ! Reste à savoir ce qu’il y aura derrière », fait remarquer Eric Straumann, favorable « à une Alsace unie » rassemblant les départements et la Région.

Cette mission est un « premier coup de canif dans le sac du Grand Est » et « une prise de conscience au sommet de l’État, qu’il y a un problème alsacien », se félicite-t-il, mais « si on ne fait rien, on va se réveiller en France un matin, comme on s’est réveillé après les dernières élections en Corse ! ».

Sur l’Ile de Beauté, les élections territoriales de décembre ont été largement remportées par la coalition des nationalistes qui a obtenu le contrôle de la nouvelle collectivité territoriale qui remplace les conseils départementaux et la Région.

« Si la fusion des deux départements est possible, il faut la faire, d’autant qu’il y a une majorité pour cela », plaide le maire socialiste de Strasbourg Roland Ries cité dans le quotidien les DNA.

Chez les autonomistes on se réjouit que « le problème alsacien soit pris en compte ». « 84% des Alsaciens sont mécontents de la fusion » rappelle la présidente du parti Unser Land, Andrée Munchenbach, citant un sondage CSA.

Fort de ses 15% aux départementales de 2015, Unser Land continue de réclamer « une collectivité à statut particulier » avec des compétences de l’État en matière d’enseignement de l’allemand et de l’alsacien. « Les Corses demandent d’être une collectivité à statut particulier. Le même argument est valable pour l’Alsace au titre de notre singularité rhénane », souligne la présidente.

Ce n’est ni la Corse ni la Catalogne

Pour le politologue Richard Kleinschmager, ce nouvel épisode réveille « la revendication alsacienne, complexe et multiforme où s’expriment des courants et revendications séparatistes voire identitaires ». Elles avaient échoué en avril 2013 lorsque la population consultée par référendum avait rejeté la fusion du « 67 » avec le « 68 ».

Sur le papier, la marge de manœuvre du préfet alsacien semble ténue : « On ne voit pas bien comment l’évolution vers une remise en place d’une région Alsace indépendante de plein exercice pourrait se faire. » « La situation n’est pas comparable à la Corse, ni à la Catalogne. On est loin du compte », fait remarquer le politologue.

Le Quotidien/AFP

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