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Les évêques de la Grande Région mobilisés pour les européennes


Les évêques ou leurs représentants, lundi à Luxembourg, après la signature de leur lettre en faveur de l'UE. (photo Isabella Finzi)

Face à une Union européenne en crise, neuf évêques de la Grande Région publient une lettre «aux citoyens européens en amont des élections européennes».

 

C’est une première : neuf évêques de la Grande Région ont signé lundi à Luxembourg une lettre pour rappeler les apports positifs de l’UE et détailler six défis auxquels elle fait face. En filigrane, les élections européennes du 26 mai, pour lesquelles ils appellent les citoyens à voter. Une urgence face à la crise sans précédent que traverse l’UE.

Les diocèses de «l’Euregio»? Formellement, ce regroupement de neuf évêchés n’existe pas vraiment. Dans les faits, il traduit une double expérience. D’abord celle d’évêques en prise directe et quotidienne avec l’Union européenne par la position frontalière de leurs évêchés. «Il s’agit ensuite d’évêques voisins qui se retrouvent autour de l’amitié et qui ont pris l’habitude de partager leurs expériences pastorales en se retrouvant à Luxembourg, dont la position géographique est centrale», ont fait valoir hier Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, et Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et hôte d’une réunion avec huit autres responsables diocésains ou leurs représentants.

Avec les évêques de Trèves, d’Aix-la-Chapelle, Verdun, Metz, Nancy, Troyes et Namur, ils ont pris l’initiative inédite de présenter et signer devant la presse une «Lettre à nos frères et sœurs européens», en amont des élections européennes du 26 mai. «Il ne s’agit pas d’un acte politique, les évêques ne font et ne doivent pas faire de politique. C’est un appel aux citoyens à aller voter. Face à la montée des populismes et des nationalismes, face au Brexit avec lequel l’Union européenne va pour la première fois devenir plus petite, il y a urgence. Ces élections sont capitales pour l’Europe si on veut préserver la paix», a argumenté l’archevêque de Luxembourg.

«Par cette lettre apostolique, nous voulons nous inscrire dans une démarche positive pour l’avenir», a renchéri Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes. Ils ont rappelé que l’UE est née d’un processus séculaire qui a vu des cultures diverses, principalement latine et germanique, se rejoindre autour d’objectifs communs. À ce titre, ils ont indiqué que le choix de la date du 29 avril ne doit rien au hasard, puisque l’on célébrait lundi sainte Catherine de Sienne qui, au XIVe siècle, mit fin au schisme au sein de l’Église et œuvra ainsi à l’unité européenne.

Six défis pour l’Europe

Dans leur lettre, les évêques se disent «convaincus que l’Europe dispose de tous les atouts pour affronter» les crises «économiques, politiques, démographiques et idéologiques» qui la menacent. Ils appellent les citoyens européens «à s’engager en faveur d’un avenir guidé par le service du bien commun de tous les peuples d’Europe».

Confiants dans les capacités de l’UE à se renouveler et à poursuivre sa construction «dans sa grande diversité», ils récusent cependant toute candeur et portent un regard critique en exposant ce que seront, selon eux, les six principaux défis de l’UE. Ces revendications reflètent en grande partie les appels lancés ces dernières années par le pape François.

Il y a d’abord la solidarité qui doit amener l’Europe à «davantage de justice sociale», particulièrement en faveur des «personnes en difficulté face au libéralisme financier qui méprise la personne humaine». Est-ce à dire que l’UE est trop libérale? Se gardant bien de s’aventurer sur un terrain trop politique, mais plaidant pour une Europe sociale, Mgr Hollerich a constaté qu’«il y a un écart grandissant entre pauvres et riches et ce n’est pas bon», tandis que l’évêque de Troyes a vu dans le mouvement français des «gilets jaunes» «l’affirmation d’un vrai déséquilibre social, des revendications qui ont leur raison d’être, pour lesquelles l’Europe peut être une réponse».

La lettre promeut ensuite la «lutte contre les nouvelles formes de terrorisme» dont «les enjeux sont trop grands pour qu’une nation isolée puisse y faire face efficacement», notamment pour «organiser la protection des frontières extérieures» de l’UE. Troisième point listé par les évêques, «le respect de la vie humaine à toutes ses étapes et dans toutes ses dimensions».

Défi majeur pour l’Europe et le monde, le respect de l’environnement, une question qui doit «être au cœur de nos préoccupations». Convaincus que l’UE a les moyens de faire face à ce problème, les évêques appellent chacun à s’engager pour «la sauvegarde de la vie commune» passant «par l’adaptation de nos modes de vie, par des dynamiques de consommation plus responsables et par une forme de vie plus sobre».

Accueillir dignement les migrants

Le cinquième défi est la question migratoire. «Les migrants quittent leur pays pour des raisons économiques ou pour des raisons de sécurité et doivent parfois traverser la Méditerranée au péril de leur vie. L’Europe doit veiller, dans une approche concertée et admise par tous ses États membres, à les accueillir dignement tout en gérant l’urgence de leur situation avec la patience et la délicatesse nécessaires, afin que les démarches entreprises ne soient pas cause de tensions dans les sociétés qui accueillent», écrivent-ils.

Enfin, le sixième défi est la problématique liée à l’emploi et à la démographie. «Certains pays peinent à offrir à leurs habitants une situation de travail pérenne, d’autres connaissent une baisse démographique et peinent à pourvoir des postes ouverts. Une politique coordonnée permettrait de surmonter les difficultés actuelles », estiment-ils dans leur lettre.

La version intégrale de la lettre des évêques est consultable sur internet, sur le site cathol.lu.

Fabien Grasser

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