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Mort du petit Luca : Jœuf plongé dans l’effroi


Lundi soir, des voisins, des proches et même des inconnus ont bravé le froid pour rendre hommage à Lucas. (photo Fred Lecocq/RL)

L’émotion est vive à Jœuf après l’annonce lundi soir du décès du petit Lucas, 7 ans, poignardé à sept reprises par l’un de ses voisins, en pleine rue. Celui-ci devra désormais répondre d’homicide.

«Un moment terrible pour les parents », confie André Corzani, le maire de Jœuf. La triste nouvelle est tombée lundi soir : Lucas Néri, 7 ans, a succombé à ses blessures. Le petit garçon avait été héliporté jeudi après-midi au CHRU de Nancy, après avoir reçu sept coups de couteau en pleine rue, à Jœuf. Opérée durant de nombreuses heures, la petite victime avait été placée en coma artificiel. Les dernières nouvelles évoquaient, samedi, un état jugé préoccupant mais stable.

Les ultimes espoirs se sont effondrés lundi. Dans la matinée, selon nos informations, l’enfant était déclaré en état de mort cérébrale. C’est-à-dire que le cerveau ne donnait plus d’ordres aux autres organes. Ceux-ci continuaient à fonctionner grâce à l’appareil auquel l’enfant était branché. La terrible décision de le couper de la machine qui le maintenait en vie a été prise en fin d’après-midi. « Autant l’espoir, entretenu par la marche silencieuse de dimanche, était grand, autant le choc de la nouvelle est violent », raconte André Corzani.

La marche silencieuse : celle organisée dimanche matin, où près de 3 000 personnes avaient exprimé leur soutien à Lucas, ses parents, son grand frère, son beau-père et les autres membres de sa famille. « Ce grand rassemblement a été un appel à toujours plus d’humanité malgré la cruauté du geste », poursuit le maire.

Responsable pénalement

L’élu, « profondément affecté tout comme le reste de la population », fait référence à celui qui est passé du rôle de l’agresseur à celui du meurtrier : Dany Crapanzano, un voisin de Lucas, n’a pas hésité à porter sept coups de couteau au garçonnet jeudi après-midi rue Clemenceau, alors que l’enfant revenait de l’école et se trouvait à quelques dizaines de mètres de chez lui. L’individu de 30 ans a été neutralisé par un policier au repos qui promenait son chien. Parvenant à prendre la fuite, le Jovicien s’est ensuite rendu de lui-même au commissariat de Briey.

Le psychiatre qui l’a examiné en garde à vue a parlé de troubles psychotiques ayant altéré le comportement du mis en cause au moment de commettre l’inconcevable. Altéré et non aboli. « Il demeure donc responsable pénalement », avait déclaré le procureur de Briey, lors d’une conférence de presse vendredi matin. Avant de se dessaisir au profit de son homologue de Nancy.

Autopsie ce mardi

Aussi bien face aux enquêteurs de Briey que devant les magistrats de la cité ducale, Dany Crapanzano n’aurait donné aucune explication à son geste fou. Avant d’être incarcéré vendredi après-midi par un juge des libertés et de la détention, le trentenaire a simplement déclaré ne pas vouloir s’exprimer sans la présence d’un avocat, la profession étant actuellement en grève. Mis en examen au départ pour tentative de meurtre sur mineur de 15 ans, le Jovicien va voir son chef de mise en examen évoluer. « Il va désormais être poursuivi pour homicide volontaire. Mais la peine encourue ne change pas : il risquait déjà la perpétuité », indique une source proche de l’affaire. L’autopsie du petit Lucas devrait être pratiquée ce mardi.

Lundi soir, plusieurs dizaines de personnes se sont spontanément réunies dans la rue Clemenceau (lire ci-dessous), installant même une chapelle ardente sur les lieux du drame. Manifestant leur émotion mais aussi leur colère.

Grégory Ingelbert (Le Républicain lorrain)

Une chapelle ardente et beaucoup d’émotion

Lundi soir, peu avant 21 h, rue Clemenceau à Jœuf. L’arrivée de certains médias passe mal. « Ras-le-bol de ces caméras qui diffusent ce qu’elles veulent », hurle un homme. « Nous sommes des mamans, on veut juste se recueillir tranquillement », met en garde une mère de famille. Au pied de l’immeuble à côté duquel le jeune Lucas a été sauvagement agressé, l’émotion est palpable. Une trentaine de personnes sont rassemblées devant la chapelle ardente érigée à l’endroit où l’enfant, de retour de l’école, n’a pas pu échapper au déchaînement de violence d’un voisin. Rachel est venue de Moyeuvre pour rendre hommage au petit garçon. « Mon fils vit dans l’immeuble. Mon petit-fils de 4 ans a tenu à déposer son nounours devant la grille. On lui a expliqué ce qui s’est passé. Vous savez, ça aurait pu être lui ! A un quart d’heure près, ce jour-là, ma belle-fille était de sortie », confie la dame. Qui n’en démord pas : « On ne s’en prend pas à des enfants. Ce gars, il faut qu’il prenne perpétuité. Ce serait trop facile de le faire passer pour un fou… » Elle se retourne et désigne l’entrée du milieu de cet immeuble rectangulaire. « Dire qu’il habite ici, tout près. Si ça se trouve, je l’ai déjà croisé. » Elle frissonne. « Je pense aux parents. Perdre son petit… C’est comme si on nous arrachait un bout de nous-mêmes. Ce qui est arrivé est impardonnable. » Dans l’obscurité, les lumières des cierges vacillent mais ne s’éteignent pas. « Je vis juste en face. J’ai simplement déposé une bougie », explique une jeune femme. Une autre s’excuse. « Je ne peux pas vous parler. C’est trop dur », dit-elle, la voix étranglée par les sanglots.

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