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Retraité au Luxembourg mais pas pour la France


Richard a effectué toute sa carrière dans la sidérurgie. Aujourd’hui, à 60 ans, il espère retrouver un emploi pour ses quelques trimestres qui lui manque… (Photo : Archives RL)

Richard a effectué sa carrière dans la sidérurgie d’abord côté français puis au Luxembourg. Quand arrive un courrier pour qu’il parte en pré-retraite, il y croit. Mais en France, il lui manque cinq trimestres. Le début de la galère.

Depuis des mois, Richard* vit avec 450 euros. « Cela paie le loyer… Sans mes amis, je ne sais pas comment je ferais… » La détresse se lit dans le regard de cet habitant de la vallée de l’Orne. Mais c’est la colère qui prédomine. « Je ne sais pas si cela portera ses fruits mais c’est un scandale qu’il faut dénoncer ! On est des dizaines dans le même cas ! »

Aujourd’hui, son revenu est constitué de sa petite retraite luxembourgeoise, compensée par un petit morceau de RSA. Pas plus. Car malgré des années de cotisations, en France, il n’a droit « à rien » de plus. Richard a fait toute sa carrière dans la sidérurgie. D’abord en sous-traitance, puis en direct chez ArcelorMittal. A la fermeture de l’aciérie de Gandrange, en 2010, il est muté dans une usine du groupe au Luxembourg. Il a alors 53 ans.

Pas de retraite… pas de chômage non plus

Au mois de février, un courrier arrive. ArcelorMittal Luxembourg lui détaille son relevé de carrière : 160 trimestres cotisés, à 60 ans, il peut débloquer ses droits à la pré-retraire. Des copains sidérurgistes qui sont partis à 60 ans, Richard en connaît. Il ne se méfie pas. « J’ai commencé à travailler comme apprentis chez De Wendel avant mes 14 ans. J’ai pensé que j’étais concerné par la loi sur les carrières longues. J’étais convaincu que je pouvais partir puisqu’on me le disait ! » Richard quitte donc son emploi, après avoir validé son départ avec l’administration luxembourgeoise. Le problème, c’est que le régime français n’est pas équivalent. La caisse de retraite française est catégorique : il lui manque a minima cinq trimestres.

Face à cette situation, première réaction : tenter de récupérer son emploi. « On m’a répondu que mon poste avait été supprimé. » L’affaire se complique encore plus. Les critères sont drastiques. L’ex-ouvrier de fabrication n’a pas non plus le droit de toucher les allocations-chômage. « Pour Pôle emploi, je suis en retraite. » C’est le serpent qui se mord la queue. Une seule possibilité : retravailler pour ces quelques mois manquants. « Retrouver un travail à 60 ans, tout le monde imagine bien que c’est difficile… »

Richard reconnaît une part d’imprudence. De naïveté peut-être, aussi. Les renseignements, les contacts ont été pris auprès des syndicats, mais trop tard.

En revanche, il incrimine clairement les administrations, des deux côtés de la frontière. « Arcelor n’y est pour rien. Les administrations devraient se mettre en relation, ou au moins alerter sur le fait qu’il faut se renseigner. En France, la loi change tout le temps, personne n’y comprend plus rien ! »

Ce qu’il sait, en revanche, c’est que la situation est une « injustice » qu’il ne supporte pas. Richard, qui assure qu’il va se battre jusqu’au bout, serait sur le point de retrouver un emploi… chez Arcelor France.

Lisa Lagrange

*Le prénom a été modifié.

Un commentaire

  1. Gilles Wendler

    erreur dans l’article : « à 60 ans, il peut débloquer ses droits à la pré-retraite » – FAUX – la pré-retaite se fait à 57 ans, la retraite à 60 ans dans ce cas ; Arcelor n’a certainement pas proposé la pré-retraite à Richard

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