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Une villa gallo-romaine exhumée près de Metz


Bien que construit en pierre et composé de six pièces, le bâtiment principal ne comptait pas d'éléments de confort luxueux, comme des bains. (photo Karim Siari / RL)

La terre a parlé. À Jury, les archéologues de Metz Métropole ont mis au jour une ferme gallo-romaine assez bien conservée et, surtout, lisible. Le domaine s’étend sur 8 400 m2 et comprend une villa, des silos et des granges.

Sur la table, une fibule, une pièce de monnaie oxydée et des tessons de poterie. À côté, posé par terre, un magnifique pied de colonne sculpté. Jeudi, le Pôle archéologie préventive de Metz Métropole a ouvert son coffre aux trésors sur le chantier de la ZAC de La Passerelle à Jury.

À l’écart, non loin de la route d’Ars-Laquenexy, des fouilles intensives se sont déroulées ces trois derniers mois. La terre en est ressortie toute retournée, mais pleine de révélations. Dirigés par Simon Sedlbauer, les archéologues ont mis au jour un vaste complexe agricole. Des sondages positifs de 2007 leur avaient mis la puce à l’oreille. Du coup, la commune de Jury a dû veiller à ce que soient exécutés des travaux d’exploration approfondis. Ils ont finalement été engagés cette année, au mois de mars, et se sont terminés fin mai.

«Elle vient compléter nos connaissances»

Aujourd’hui, le résultat des fouilles s’avère bluffant. Les archéologues ont dégagé une ferme gallo-romaine de 8  400  m 2 qui a, vraisemblablement, dû être habitée du 1 er au IV e siècle de notre ère. La fin de son occupation a pu être datée précisément grâce aux couches de démolition.

Sous ces sédiments qui révèlent l’arasement des constructions, le sol a dévoilé un complexe agricole composé d’une villa aux fondations en pierre de six pièces qui devait servir de résidence, ainsi qu’un ensemble de bâtiments annexes organisés autour d’une cour centrale.

Comme dans une ferme actuelle, la propriété comptait un pédiluve pour le bétail techniquement très élaboré puisqu’il était maçonné et alimenté par des canalisations, ainsi que des greniers pour conserver le grain. Les archéologues ont pu les situer grâce à des trous en damier laissés par des pieux en bois décomposés. « Ces poteaux devaient soutenir un plancher qui permettait de tenir les récoltes à l’abri de l’humidité », a cartographié Simon Sedlbauer.

Les archéologues ont aussi trouvé un four en parfait état de conservation. « Il pouvait servir à sécher les grains ou à fumer la viande », a indiqué Simon Sedlbauer. Le domaine était protégé par un fossé, lui aussi en partie exhumé.

Plus spectaculaire encore, la découverte d’une cave adjointe à la maison principale. On y descendait par un escalier. C’est là qu’a été déterrée une colonne ornée de motifs sculptés et des fragments de peintures murales.

Sur le plan scientifique, cette villa témoigne de l’existence d’un maillage d’exploitations agricoles plus ou moins importantes autour de Metz à l’époque gallo-romaine. Elle entre en résonance avec de superbes vestiges de centres de production mis au jour à Peltre, Grigy et Laquenexy. « Elle vient compléter nos connaissances sur l’intense activité qui régnait autour de la ville de Metz », a commenté Rénata Dupond, responsable du Pôle archéologie de Metz Métropole.

Économiquement, ces fermes pouvaient être indépendantes ou appartenir à un même propriétaire. Certaines pouvaient développer des activités de transformation comme la fabrication de tissus à partir de matières végétales alors que d’autres devaient se cantonner à de la production alimentaire. Cependant, toutes avaient un point commun, elles approvisionnaient Divodurum Mediomatricorum.

Thierry Fedrigo (Le Républicain lorrain)

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