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Gaspillage alimentaire au Luxembourg : les yeux plus gros que le ventre


Chaque année, un habitant du Luxembourg jette en moyenne 115 kilos d'aliments. (Illustration : DR)

Écœurant : près de 115 kilos d’aliments sont gaspillés chaque année par les habitants du Luxembourg. Même si la résistance s’organise, il est temps de changer certaines mauvaises habitudes.

Chaque année, un habitant du Luxembourg jette en moyenne 115 kilos d’aliments. Ce chiffre, publié fin 2013 par l’administration de l’Environnement, provient d’une étude sur le contenu peu flatteur de nos poubelles. «En 2010, 58 000 tonnes d’aliments ont ainsi été jetées, dont presque 42 000 dans la poubelle noire [produits non recyclés]», explique ainsi Serge Less, ingénieur à l’administration de l’Environnement. Rapporté à la population luxembourgeoise, ce gaspillage pèse donc 115 kilos par habitant et par an.

Ce chiffre serait aussi le plus élevé des pays développés, à en croire la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), qui estime que les consommateurs européens et nord-américains gaspillent jusqu’à 115 kilos de nourriture par an (ce chiffre n’est que de 6 à 11 kg/an en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est).

D’où vient ce gaspillage? Toujours selon la FAO, principalement des consommateurs (42 %), l’industrie alimentaire en produisant 39 %, la distribution et la restauration 19 %. «Les consommateurs sont les plus gros producteurs de déchets alimentaires au Luxembourg, mais il ne faut pas non plus négliger le commerce, les restaurants, les supermarchés…, dit Serge Less. Je pense que le problème vient aussi des cantines, à l’école, dans les administrations, les entreprises… Il y a beaucoup de repas qui ne sont pas mangés, ou commandés et gaspillés parce qu’il faut en avoir en stock au cas où?»

Il ne faut pas se leurrer, ce gaspillage est avant tout un problème de riches. L’abondance alimentaire, le rejet des produits un peu moins appétissants à nos yeux, la fainéantise de cuisiner des restes… Mais il trahit aussi un manque d’informations. Par exemple, la confusion entre les dates de péremption «à consommer de préférence avant…» et «à consommer jusqu’à…» a la vie dure.

Les poubelles vertes pour tous ?

Heureusement, la lutte antigaspillage s’organise à tous les niveaux. Des supermarchés donnent leurs invendus aux associations caritatives, le compostage et la biométhanisation se développent, les conseils antigaspillage se multiplient.

L’arrivée des poubelles vertes, pour les déchets organiques, est salutaire, mais inégale. Le pays est en effet divisé en deux, avec les communes du Nord qui les boudent, à la différence de celles du Sud. Or ces poubelles vertes permettent de donner une seconde vie à 16 kilos (par an et par habitant) de déchets alimentaires. «On espère que dans deux ou trois ans, toutes les communes auront des poubelles vertes, il y a des négociations en ce sens», nous confie Serge Less. La généralisation de la taxation des déchets selon leur poids serait aussi un bon moyen de lutte contre ce record de gaspillage dont se passerait bien le pays.

Romain Van Dyck

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