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Le grand rush des vendanges [reportage]


La période des vendanges est particulièrement dense pour les vignerons. (photos Erwan Nonet)

Ça y est, les vendangeurs sont de sortie pour ramasser les premiers raisins de l’année. Lorsque l’on dirige un domaine viticole, pendant cette période, on est au four et au moulin. Démonstration avec Jean-Marie Vesque, du domaine Cep d’or, à Hëttermillen.

Un peu à la vigne, beaucoup en cave, voilà l’emploi du temps de Jean-Marie Vesque pour les trois prochaines semaines. Pendant les vendanges, le travail est partout!

Rendez-vous était donné vendredi à midi à la cave du domaine, sur la route du Vin à Hëttermillen (entre Stadtbredimus et Ehnen). Jean-Marie Vesque est dans la cave, où des tuyaux rouges qui sortent des cuves en inox jonchent le sol. Cela fait plusieurs jours que le pressoir hydraulique extrait le jus des auxerrois et des rivaners que les 17 vendangeurs cueillent depuis mercredi après-midi.

Après avoir branché un dernier embout, le vigneron prend le temps de se poser quelques minutes, pour discuter de ces premiers jours de récolte, un peu plus tardifs que prévus. « Il y a deux semaines, dimanche, j’ai pris l’après-midi pour faire le tour de mon vignoble , explique-t-il. Jusque-là, je pensais que l’on commencerait les vendanges le dimanche suivant, mais j’ai vu qu’il y avait un manque au niveau des sucres et des arômes. Il y avait un côté phénolique trop présent, du fait d’un manque de maturité .»

Il a donc prévenu ses vendangeurs polonais – « certains arrivent avec deux générations, les parents amènent les enfants » – de venir un peu plus tard : les vendanges ont finalement débuté mercredi après-midi. Et, comme prévu, ce sont les auxerrois qui ont été coupés les premiers, suivis de près par les rivaner.

Mais la vraie bonne nouvelle de la semaine, c’est cette pluie qui s’est calmée, après une semaine de précipitations pratiquement non-stop. Il est tombé presque 100 mm d’eau en sept jours, autour dire un avant-goût du déluge!

Des auxerrois gonflés d’eau

« C’est un vrai soulagement, souffle Jean-Marie Vesque. Si la pluie avait duré, cela aurait été un vrai problème. Les auxerrois, par exemple, étaient gonflés d’eau. La concentration en sucre et en acidité a donc diminué. Heureusement que pour nous, ce n’est pas gênant, puisqu’ils serviront à élaborer les crémants qui n’ont pas besoin de raisins trop concentrés .» Et si le soleil revient, les grains pourront retrouver une concentration adéquate, puisque le trop-plein d’eau s’évaporera. Finalement, les pluies qui viennent de passer pourraient n’avoir qu’une influence minime sur les cépages plus tardifs.

Le temps qu’il fait actuellement est même parfait pour la formation de beaux arômes. « Il fait 15-20 °C la journée, froid la nuit et il y a du brouillard le matin : ce sont les meilleures conditions pour obtenir une belle gamme aromatique. S’il suffisait d’avoir du soleil pour avoir du beau raisin, ce serait trop facile : on planterait les vignes en plein désert! »

Pour inspecter ses vignes, Jean-Marie Vesque se fie surtout à ses sens. (photo E.N.)

Pour inspecter ses vignes, Jean-Marie Vesque se fie surtout à ses sens. (photo E.N.)

Les températures fraîches sont aussi une aubaine. Avec elles, l’activité bactérienne est grandement limitée. De fait, les vignes sont très largement épargnées par la pourriture grise honnie qui transformerait le vin en vinaigre.

Mais après un petit quart d’heure de pause, il est temps de repartir. Jean-Marie Vesque a reçu le coup de fil d’un vigneron qui lui vend son raisin. Il faut qu’il aille voir l’état de sa vigne plantée d’auxerrois. Direction Bous, derrière Stadtbredimus, sur une vigne plantée sur un coteau orienté plein sud.

Après quelques pas entre les ceps, l’affaire est entendue : le vigneron a raison, il est temps de vendanger. Certaine grappes portent déjà de petites traces de pourriture, il n’y a plus de temps à perdre. « C’est l’avantage de vendanger à la main, appuie-t-il. La machine ne peut pas faire le tri entre les grains sains et les autres .»

Dix tonnes de raisin ramassées par jour

Tout en marchant, Jean-Marie Vesque picore des grains à droite et à gauche : « Je n’utilise pas de réfractomètre pour mesurer la quantité de sucre dans le raisin, je me fie à mon goût », sourit-il. Ce n’est pas le seul sens dont il se sert. En écrasant le raisin entre le pouce et l’index, il estime aussi sa maturité : « S’il y a une grosse résistance, c’est qu’ils ne sont pas mûrs .» L’œil n’est pas moins utile, car la couleur du pépin révèle également des informations. « Quand il est bien brun, c’est qu’il est mûr. Mais si le pépin est vert ou brun pâle, il faut attendre. »

Il est maintenant temps de reprendre la voiture pour aller voir ses vendangeurs, non loin de là. Après une bonne matinée de labeur, ils mangent un bout près des rangs dans lesquels ils viennent de passer. C’est un travail harassant. En moyenne, 10 tonnes de raisin sont ramassées chaque jour par les 17 saisonniers. Ici, le raisin est impeccable, pas une trace de pourriture. « C’est parce que, sur la grappe, les grains de rivaner sont plus espacés que ceux d’auxerrois. Ils sèchent donc plus vite .» Mais le temps est compté et il faut déjà retourner à la cave. Car désormais, c’est là que tout se joue…

Erwan Nonet

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