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Les élus du sud sont inquiets : « Le FN est à nos portes »


Le souffle du premier tour des élections régionales françaises a fait trembler jusqu'aux communes luxembourgeoises limitrophes. (photo archives LQ / Isabella Finzi)

Alors que le GECT Alzette-Belval décolle, le spectre de l’arrivée du Front national en Lorraine inquiète les élus des quatre communes luxembourgeoises concernées (Esch/Alzette, Sanem, Mondercange, Schifflange).

Le risque de voir le Front national ravir la nouvelle région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne met-il l’avenir du Groupement européen de coopération territoriale (GECT) en danger? Pas sûr, mais la perspective fait peur aux élus grand-ducaux. S’il y a des Luxembourgeois qui regardent de près les résultats des élections régionales en France, ce sont ceux des quatre communes impliquées dans le GECT Alzette-Belval. Aux côté d’Esch-sur-Alzette, Sanem, Mondercange et Schifflange, siègent également huit localités françaises : Audun-le-Tiche, Aumetz, Russange, Boulange, Rédange, Ottange, Thil et Villerupt.

Forcément, alors que toutes ces communes luxembourgeoises sont dirigées par des bourgmestres socialistes, la pilule de la montée du Front national a du mal à passer. « Je suis choqué de voir le FN en tête, lance Dan Codello, échevin eschois aux Relations internationales. Il y a une contradiction de voir une région où beaucoup de personnes travaillent dans un autre pays voter pour un parti qui s’enferme. » Roland Schreiner, bourgmestre de Schifflange et ancien président du GECT, est d’avis que « l’extrême droite n’est de toute façon pas la solution aux problèmes que se posent les Français ».

Oui mais voilà, lundi, il est loin d’être impossible de voir la tête de liste du FN, Florian Philippot, battre Philippe Richert (Union de la droite) et Jean-Pierre Masseret (Union de la gauche). Or la région fait partie du GECT. « Je serais surpris de voir que le FN – un parti nationaliste qui ne veut pas du traité de Schengen – mette un chapitre sur les relations transfrontalières dans son programme… », évoque Dan Codello.

Toutefois, le rôle de la région est assez limité dans l’action du GECT. « Plus que la région, ce sont davantage les élus locaux qui sont actifs lors de nos réunions », assure Christine Schweich, bourgmestre de Mondercange.

Codello ne veut pas siéger avec un élu FN

Roland Schreiner confirme qu’une éventuelle victoire du Front national, dimanche, n’aurait sans doute pas de conséquence directe sur le fonctionnement du GECT : « Si l’extrême droite passe, il faudra voir quelle sera la personne missionnée auprès du GECT et quelle sera son approche. Mais il ne s’agira que d’un partenaire parmi d’autres avec les communes et l’État (NDLR : représenté par le préfet) et il sera de toute façon en minorité. »

La situation serait très compliquée, par contre, dans le cas où plusieurs communes basculeraient vers le Front national lors des prochaines élections communales. Elles auront lieu en 2020, le GECT peut donc – un peu – souffler. Pas trop toutefois, car le Front national a réalisé de gros scores dans à peu près toutes les communes concernées (lire par ailleurs) .

« Là, il faudrait très sérieusement se poser la question, assène Dan Codello. Personnellement, je vous le dis, je ne peux pas m’imaginer me mettre à table avec un élu du Front national .» Christine Schweich admet aussi qu’il y aurait un gros souci : « Jusque-là, nous avions mis nos appartenances politiques de côté pour développer des projets dont tout le monde profitera. Mais s’il fallait discuter avec le FN, ce serait très compliqué, puisqu’il risque clairement d’y avoir à la fois plus de blocages et moins d’intérêt. ».

«Allez, ce n’est pas encore perdu!»

En ce moment, les partenaires luxembourgeois du GECT sont dans l’expectative, ils attendent de voir ce qu’il adviendra de la Lorraine. Mais tous craignent un scénario catastrophe. « Ce serait vraiment triste, car nous avons de bons projets sur les questions des transports en commun, de la mobilité douce ou des échanges scolaires par exemple », avance Roland Schreiner. « À titre personnel, je regrette le choix de Jean-Pierre Masseret de ne pas s’être désisté car le FN est à nos portes », ajoute Dan Codello.

L’élu eschois craint que la machine qui était enfin en train de se mettre en place se mette maintenant à coincer. « Ce sont des projets de longue haleine qui sont en train de se concrétiser… tout casser pour ça… Clairement, le Front national met en danger ce que nous construisons pour le bénéfice de la population de l’ensemble des communes des deux pays .»

Il ne reste que l’espoir d’une défaite, dimanche, du FN. « J’espère que les valeurs de la République française finiront par l’emporter », lance Georges Engel, le député-maire de Sanem. « Allez, ce n’est pas encore perdu! », veut croire Dan Codello.

Erwan Nonet

Le vote des Français du GECT

Parmi les huit communes françaises qui font partie du Groupement européen de coopération territoriale, cinq ont placé le Front national à la première place. Il s’agit d’Aumetz (36,5 %), Boulange (36,5 %), Ottange (36,4 %), Rédange (32,9%) et Russange (31,8 %). La liste de Jean-Pierre Masseret (Union de la gauche) est arrivée en tête à deux reprises : à Audun-le-Tiche (33,1 %) et Villerupt (27,8 %). Enfin, la commune de Thil a marqué sa différence en votant principalement pour le Front de gauche (30,2 %), puis pour l’Union de la gauche (24,3 %), Florian Philippot n’arrivant qu’en troisième position (23,5 %).

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