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Luxembourg : ils volent au secours des oiseaux


Les vainqueurs du prix national du patrimoine naturel... leur engagement est "remarquable" ! (Photo : Didier Sylvestre)

Le prix Hëllef fir d’Natur récompense un engagement remarquable dans la protection de la nature. Il a été remis aux ornithologues bénévoles qui ont permis une collecte de données considérable.

La statuette en forme de hibou réalisée par le sculpteur Jean-Pierre Georg et qui récompense depuis 1985 les engagements remarquables pris dans le domaine de la protection de l’environnement était on ne peut plus dans le thème de ce Präis Hëllef fir d’Natur 2019, remis lundi soir en présence notamment des ministres Carole Dieschbourg (Environnement) et Sam Tanson (Culture) au sein du musée national d’Histoire naturelle.
Après la bergerie Weber en 2018 ou la ferme Kass-Haff en 2017, le prix national du patrimoine naturel de natur&ëmwelt a en effet été remis aux ornithologues de terrain et aux bagueurs des groupes de travail ornithologiques Feldornithologie et Beringung. Un prix qui vient rappeler s’il était nécessaire le travail acharné de recensement et de collecte de données de ces passionnés, qui a permis de mieux connaître l’avifaune luxembourgeoise, et ce, depuis 1920!
«Depuis des dizaines d’années, de très nombreux bénévoles font des observations sur le terrain, récoltent des données et les publient. Toutes ces informations précises et concrètes servent à monter les dossiers destinés à établir des réserves naturelles, telles que les zones Natura 2000. Elles permettent aussi d’envoyer régulièrement l’état des lieux de l’avifaune du Luxembourg à Bruxelles, dans le cadre de la directive européenne « Oiseaux »», a rappelé Claude Meisch, vice-président de natur&ëmwelt Fondation Hëllef fir d’Natur et membre du jury pour le Präis Hëllef fir d’Natur.

Sept espèces déjà disparues

Outre l’établissement de zones protégées, les données qui sont transmises à la Centrale ornithologique luxembourgeoise (COL), permettent aussi de vérifier que des espèces d’oiseaux ne sont pas menacées lors des grands projets de construction.
Mais surtout, ce sont de précieux indicateurs de l’état de notre environnement. Les quelque 150 observateurs membres des Aarbechtsgruppen Feldornithologie et Beringung rassemblent ainsi en moyenne plus de 50 000 données et baguent environ 20 000 oiseaux chaque année.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au Grand-Duché, à l’instar d’autres pays européens, l’avifaune ne se porte pas très bien. Le travail de fourmi des bénévoles a en effet permis de dresser un constat alarmant : pas moins de sept espèces d’oiseaux ont déjà complètement disparu des terres luxembourgeoises, notamment le Traquet tarier, qui nichait autrefois dans tout le pays.
Et treize autres espèces sont sur le point de disparaître, telles que le Pipit farlouse, un petit passereau, ou la Gélinotte des bois, classée sur la liste rouge mondiale des espèces en danger d’extinction. En outre, «de très nombreuses espèces ont fortement diminué, par exemple les hirondelles», a signalé Claude Meisch.
La raison? En premier lieu, le manque d’insectes. «Les oiseaux se nourrissent surtout d’insectes», explique Ed. Melchior, président d’honneur de natur&ëmwelt et ornithologue bénévole. «Or avec l’agriculture intensive et les engrais, les pesticides, les insecticides, il y a beaucoup moins d’insectes. Autrefois, les prairies étaient remplies de fleurs. Mais les agriculteurs n’en veulent plus. Or pas de fleurs, pas de nectar, donc pas d’insectes, donc moins de nourriture pour les oiseaux. Il suffit de regarder son pare-brise après un long trajet. Il n’est plus recouvert d’insectes comme par le passé.»

Les prémices du réchauffement climatique

Une autre raison explique aussi la chute «catastrophique» des populations de certaines espèces d’oiseaux au Luxembourg : la perte d’habitat. «Des espèces comme la chouette effraie nichaient dans les vieilles fermes ou les granges. Ou les hirondelles, sous les corniches, cite Ed Melchior. Mais les gens n’en veulent plus, à cause des fientes. Malgré l’interdiction de les déloger, ils le font quand même.»
Résultat, 28 % des espèces sont actuellement en déclin au Luxembourg.
Quant à l’impact du réchauffement climatique, nous n’en sommes encore qu’aux prémices, comme le souligne Ed. Melchior : «Les études démarrent à peine sur ce sujet. Mais on constate déjà des conséquences. Ainsi, les oiseaux qui aiment plutôt la chaleur du sud de la France ou de l’Espagne ont tendance à remonter vers chez nous. Ce qui est une bonne chose, sauf qu’ici ils ne trouvent pas la même nourriture… Par contre, ceux venant du nord ont tendance à rester au nord. Ils n’ont plus besoin de migrer si loin.»
Il y a certes quelques bonnes nouvelles, avec le retour dans nos contrées de la cigogne noire et de la cigogne blanche, comme l’indique Claude Meisch. «Leur retour a été surtout dû aux populations d’Alsace et de Lorraine – des régions qui ont mis en place de très fortes mesures de protection (il y a même eu des élevages) – et grâce à la création d’une réserve dans le sud du pays, près de Schifflange, avec la renaturation de l’Alzette et la création de zones humides.»

Toute l’Europe est concernée

Mais ces retours en force de certaines populations d’oiseaux restent encore bien trop rares et ne permettent pas de compenser la chute inexorable d’autres espèces. «Les oiseaux, les insectes, les batraciens sont en diminution dans toute l’Europe faute d’habitats adéquats», s’indigne Ed. Melchior. «On lutte pour préserver le biotope, et c’est pour cela que la Fondation Hëllef fir d’Natur achète des terrains grâce aux dons. Nous avons 1 500 hectares. Mais on ne peut pas sauver une espèce en achetant un hectare par-ci, un hectare par-là.» Et de conclure : «La biodiversité a évolué pendant des millions d’années. Lorsqu’une espèce disparaît, c’est une perte pour tout l’écosystème. Tout est interdépendant. En perdant une espèce, on perd un peu de notre humanité. Et c’est très grave.»

Tatiana Salvan

Le chiffre : 421

C’est, en millions, le nombre d’oiseaux qui ont disparu du continent européen en seulement 30 ans, d’après une étude publiée en 2014 dans le journal scientifique Ecology Letters. Une perte considérable due aux méthodes modernes d’agriculture et à la disparition de l’habitat. Le déclin va même jusqu’à 90 % pour des espèces communes telles que la perdrix grise, l’alouette des champs, le moineau et l’étourneau.

Un commentaire

  1. La température de la terre n’a cessé de monter et de descendre (phénomène naturel) et les oiseaux ont survécu à 1000 fois pire qu’aujourd’hui.
    Arrêtez de nous ennuyer (pour rester poli) avec cette histoire de réchauffement parfaitmeent naturel, comme par le passé.

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