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Autriche : après le vote-sanction, le FPÖ règle ses comptes


Le tribun islamophobe Heinz-Christian Strache, qui a dirigé le FPÖ pendant 14 ans, refuse de laisser partir en fumée son capital politique. (photo AFP)

Les hostilités sont ouvertes au sein de l’extrême droite autrichienne qui a enchaîné les scandales avant une humiliante défaite aux élections législatives, et affiche désormais ses divisions.

Les cadres du parti FPÖ se retrouvent mardi en réunion de crise pour analyser le revers électoral de dimanche et leur ancien chef, Heinz-Christian Strache, au cœur des affaires qui ont miné la campagne, a convoqué la presse. La suspension de Strache du parti qu’il a mené au sommet, puis précipité à l’échec, semble acquise. La question de son exclusion est même posée, selon la presse autrichienne.

Avec 16,2% des suffrages aux législatives, selon les résultats quasi définitifs, le FPÖ perd presque dix points par rapport aux élections de 2017 qui avaient propulsé l’extrême droite au pouvoir en coalition avec la droite de Sebastian Kurz. Les deux partis présentaient leur alliance comme un modèle pour l’Europe. « C’était une campagne incroyablement difficile, on a dû porter une croix », a lancé Norbert Hofer, le nouveau chef du FPÖ après les résultats. Hofer a remplacé au pied levé Strache en mai dernier, lorsqu’a éclaté le scandale de l’Ibizagate. Filmé en caméra cachée en train de proposer des marchés publics en 2017 à une jeune femme se faisant passer pour la nièce d’un oligarque russe, Heinz-Christian Strache avait aussitôt démissionné de toutes ses fonctions, dont celle de vice-chancelier de Sebastian Kurz. Tout le gouvernement l’avait accompagné dans sa chute.

Strache prêt à la dissidence

On reproche désormais à Strache d’avoir mené grand train aux frais du FPÖ et même d’avoir fait régler des dépenses personnelles par le parti. Ces nouvelles révélations, et l’annonce d’une d’enquête judiciaire, à quelques jours des élections, ont plombé sa formation. L’intéressé nie toute malversation, refusant jusqu’ici de rendre sa carte du FPÖ et de s’avouer à terre. Ce quinquagénaire ayant flirté avec les néonazis dans sa jeunesse n’a eu de cesse de parasiter la campagne électorale de l’extrême droite en postant des messages embarrassants sur sa page Facebook, « le plus gros portail populiste du pays » selon l’hebdomadaire Falter, puisqu’il est suivi par plus de 800 000 personnes.

Le tribun islamophobe, qui a dirigé le FPÖ pendant 14 ans, refuse de laisser partir en fumée son capital politique, encore loin d’être négligeable. A demi mots, il menace de lancer une formation concurrente si ses anciens amis le poussent trop prestement vers la sortie. C’est ce qu’avait fait son prédécesseur Jörg Haider, pionnier du populisme, qui avait créé son propre parti en 2005 après avoir été écarté du FPÖ.

Accéder au pouvoir ne réussit pas à cette formation sulfureuse, fondée pas d’anciens nazis dans les années cinquante : le FPÖ a été responsable de la chute des quatre coalitions gouvernementales auxquelles il a participé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Après son résultat dimanche soir, le FPÖ a annoncé privilégier une cure d’opposition alors qu’il avait bâti toute sa campagne sur la reconduction d’une alliance avec Sebastian Kurz. Cette annonce a pris de court le vainqueur du scrutin. Avec ses 37,5% des voix, le chef des conservateurs est désormais obligé de se tourner vers la gauche ou les écologistes en vue de former une coalition, alors qu’une majorité des électeurs autrichiens penchent plutôt vers la droite.

LQ/AFP

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