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Corinne Cahen défend ses réformes


«Avec le ministre du Travail, nous essayons de faire une politique qui puisse servir aux jeunes enfants et à leurs parents mais aussi aux employeurs», affirme la ministre Corinne Cahen. (photo François Aussems)

La ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, après avoir présenté la réforme des allocations et celle du congé parental, s’attelle au dossier du revenu minimum garanti (RMG). Tour d’horizon de la politique familiale et d’intégration.

Un premier texte sur la réforme du RMG traduit, selon Corinne Cahen, «l’importance pour ce gouvernement d’activer les gens au sens large du terme».

Le Quotidien : Vous avez présenté, lundi dernier devant la commission parlementaire, le projet de loi réformant les allocations familiales. Les députés chrétiens-sociaux devaient vous attendre de pied ferme…

Corinne Cahen : Ils ont clairement dit qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette réforme, mais le CSV s’est montré très constructif, les députés ont posé des questions et c’était une très bonne réunion de commission.

L’opposition m’avait demandé de venir présenter le texte et dorénavant, dès que je déposerai un projet de loi, je viendrai l’exposer devant la commission parlementaire sans attendre l’avis du Conseil d’État. Quand celui-ci sera disponible, les travaux parlementaires débuteront plus intensément. Je viendrai de la même manière présenter le projet de loi sur le congé parental lundi prochain.

Avec la suppression de l’allocation d’éducation et de maternité, le CSV vous accuse de sanctionner un modèle familial pour en imposer un autre. Que lui répondez-vous?

Ces 480  euros pendant 20  mois ne suffisent pas pour subsister. Ils ont donné l’illusion d’un choix, qui en réalité n’existait pas et qui risquait d’orienter les femmes vers des situations précaires. Cette allocation d’éducation aurait dû être abolie en 1999 quand le congé parental est entré en vigueur. J’ignore pourquoi cela n’a pas été fait. Mais je veux être claire  : nous ne favorisons aucune manière de vivre. Chacun doit assumer ses choix.

Nous constatons que la plupart des gens dans ce pays travaillent, c’est une réalité. Nous ne faisons qu’adapter les lois aux besoins de la population et des jeunes parents. C’est avec la réforme du congé parental que nous allons favoriser ce lien que les parents ont avec leur bébé, car ils vont pouvoir en profiter davantage avec un revenu de remplacement allant jusqu’à 3  200  euros par mois.

Ce congé parental sera également rendu plus flexible en accord avec les employeurs, et ces deux éléments réunis permettront à plus de parents de prendre un congé parental. Nous ne voulons pas que les parents aient un choix à faire entre famille et travail, nous voulons qu’ils puissent combiner les deux.

Les congés pour raisons familiales que vous venez de modifier, c’est aussi pour répondre à une réalité?

Oui, nous répartissons différemment le nombre de jours de congé pour raisons familiales afin de donner plus de flexibilité aux parents lorsque leur enfant est malade. Jusqu’à présent, les parents avaient droit à deux jours par enfant et par an jusqu’à l’âge de 15  ans, mais nous savons pertinemment que les très jeunes enfants sont plus souvent malades et ont besoin de plus d’assistance. Avec le ministre du Travail, Nicolas Schmit, nous essayons de faire une politique qui puisse servir aux jeunes enfants et à leurs parents mais aussi aux employeurs.

Nous savons très bien que les parents se sont toujours arrangés en trouvant le moyen de rester à la maison. Nous préférons donc écouter les parents pour savoir de quoi ils ont le plus besoin. Il fallait faire un état des lieux de l’existant, comme le congé parental en vigueur depuis 15  ans. Nous l’avons fait analyser, nous avons demandé aux personnes qui l’avaient choisi et à ceux qui y avaient renoncé d’expliquer ce choix. À partir de là, nous avons pu apporter des améliorations contenues dans le projet de réforme.

Les employeurs regrettent que cette réforme du congé parental donne plus de flexibilité au salarié, mais ne permette pas à l’entreprise d’être plus souple pour qu’elle puisse s’organiser en conséquence…

Premièrement, un patron est libre de ne pas accorder de saucissonnage. Aujourd’hui, nous avons droit à un congé parental à temps plein pendant 6  mois (obligatoire) ou à temps partiel pendant 12  mois (uniquement avec l’accord de l’employeur qui peut donc refuser). À l’avenir, ce sera exactement pareil, en ce sens où l’employeur sera obligé d’accorder un congé parental à temps plein et toutes les autres convenances sont possibles avec l’accord des deux parties.

Des entreprises me disent qu’elles préfèrent finalement l’absence un jour par semaine d’un salarié pendant 20  mois, car cela leur évite de prendre un remplaçant, cette absence étant tout à fait gérable. Si certaines entreprises se plaignent, c’est un faux débat.

En revanche, je peux les comprendre, car elles sont en pleine discussion sur l’organisation du temps de travail avec le ministre Nicolas Schmit et les syndicats avec notamment la question des périodes de référence qui reste à trancher. Les entreprises disent qu’elles veulent bien être flexibles, d’un côté, mais elles aimeraient trouver un peu plus de flexibilité, de l’autre. C’est de bonne guerre.

Une autre réforme annoncée est celle du RMG. Où en êtes-vous?

Nous avons un premier draft et nous commencerons sous peu à entrer en dialogue avec le secteur. Le ministère de la Famille a rédigé, avec le ministère du Travail, un texte qui traduit l’importance pour ce gouvernement d’activer les gens au sens large du terme. Nous mettons l’accent sur une politique d’inclusion sociale qui entend stabiliser les gens, d’un côté, et qui entend, de l’autre, les motiver et les aider à prendre leur vie en main et à s’intégrer dans notre société à travers un travail, un logement et des contacts sociaux.

Ce qui est important, c’est d’activer les gens car c’est essentiel pour subvenir à ses besoins, être autonome et ne plus vivre au crochet de la société. Tout le monde peut avoir une mauvaise passe dans la vie et notre devoir est de les aider à passer ce moment difficile pour les remettre d’aplomb. Ceux qui ne sont plus activables pour des raisons multiples doivent évidemment aussi bénéficier de notre aide.

Il faut, selon vous, remettre la valeur travail au premier plan?

Non. Plutôt les valeurs « indépendance » et « estime de soi ». Nous voulons aider les gens à ne plus être dépendants de l’État.

[…]

Entretien avec Geneviève Montaigu à lire en intégralité dans Le Quotidien de ce lundi 8 février

Corinne Cahen en bref

État civil. Née le 16 mai 1973 à Luxembourg, Corinne Cahen est mère de deux filles.

Journaliste. Elle a travaillé au sein de plusieurs rédactions à partir de 1992 et jusqu’en 2006 comme journaliste à RTL Radio et Télé Luxembourg mais également pour l’AFP à Washington.

Entrepreneur. Début 2001, elle quitte RTL pour reprendre l’entreprise familiale Chaussures Léon.

Ministre. Elle a été nommée ministre de la Famille et de l’Intégration et ministre à la Grande Région en décembre 2013.

Présidente. Corinne Cahen a succédé à Xavier Bettel à la présidence du DP en novembre dernier.

Un commentaire

  1. « nous ne favorisons aucune manière de vivre » très bien et donc si c est vrai, on devrait mettre fin à l imposition tres tres trop favorable des personnes mariées ou en partenariat

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