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Le coût des « dys » à l’école


Avec près de deux élèves par classe touchés par les "dys", les enseignants doivent être formés pour mieux les détecter. (illustration Isabella Finzi)

On estime qu’entre 5 et 10% de la population scolaire au Luxembourg est atteinte d’un trouble dit «dys», c’est-à-dire d’une dyslexie, dyscalculie, dysphasie, dyspraxie, etc. En plus de l’encadrement scolaire apporté, une aide spécifique coûteuse est souvent recommandée.

Les troubles « dys » concerneraient environ deux enfants par classe, ce qui représente environ 4 500 enfants au Luxembourg. Il y a quelques mois, une grande conférence avait lieu sur le sujet, et le Prince Louis s’était lui-même exprimé publiquement à cette occasion sur son expérience en tant que dyslexique. Dans une interview, la Grande-Duchesse avait évoqué ses propres difficultés quant au diagnostic de son fils et la prise en charge de cet élève différent ayant besoin d’un accompagnement spécifique pour obtenir les mêmes résultats que les autres enfants. Il ne s’agit pas d’intelligence, mais de problème d’apprentissage, auquel les enseignants ne sont pas forcément sensibilisés.

Le ministère de l’Éducation confirme que c’est au départ, au moment du diagnostic, qu’il faut être le plus vigilant. «Le ministère de la Sécurité sociale et la Caisse nationale de santé (CNS) sont conscients du fait que le dépistage ou le diagnostic des causes susceptibles d’engendrer des difficultés d’apprentissage des enfants ou les mettant en échec scolaire, et l’accompagnement des enfants présentant des troubles «dys» ou le traitement des causes de ces troubles, nécessitent une approche croisée ou conjointe entre les professionnels du domaine scolaire et ceux du domaine de la santé», explique le ministre dans une réponse parlementaire.

Pas de traitement spécifique

Mais mauvaise nouvelle, à l’heure actuelle rien n’est prévu dans les services pris en charge par la CNS pour que les enfants et jeunes souffrant des troubles de l’apprentissage bénéficient d’un traitement spécifique. Par contre, la CNS rembourse les actes et services dispensés par les orthophonistes et psychomotriciens, dans un cadre spécifique, comme la prescription d’un médecin pour un bilan avec examen préalable et plan de traitement établis par le professionnel concerné. Enfin, les familles peuvent toujours solliciter un soutien auprès de l’Office national de l’enfance.

Les représentants de la Sécurité sociale (CNS et Contrôle médical de la sécurité sociale) et du ministère de l’Éducation nationale ont décidé de discuter prochainement des possibilités d’une approche transparente, concertée et coordonnée pour identifier les mesures éducatives, pédagogiques et thérapeutiques existantes et la répartition de leurs charges entre les différents acteurs impliqués. En clair, mettre en place une véritable approche concernant un dépistage systématique des « dys » pour aller au-delà du bricolage et des cas individuels.

Pour ce qui est des «dys», en tant que troubles d’apprentissage à proprement parler, ils sont à prendre en charge de manière pédagogique. «Cette prise en charge est une des missions primaires de nos écoles», estime le ministre Claude Meisch. Ce dernier ajoute dans sa réponse l’annonce de la création «prochaine» de «150 postes d’instituteurs supplémentaires experts dans la scolarisation des enfants à besoins spécifiques, en renforçant considérablement l’offre en formation continue touchant la problématique dys, en thématisant ce sujet de manière approfondie dans le cadre du nouveau stage d’insertion professionnelle des futurs instituteurs et en mettant en place un centre de diagnostic et conseil, de la prise en charge, de la formation continue et de la recherche».

Plus concrètement, à ce stade, les équipes multi-professionnelles organisent à travers le pays des «Lies- aSchreifatelieren». Au niveau des subventions, une participation de l’État est prévue pour les frais des cours d’appui organisés en faveur d’enfants présentant des difficultés d’apprentissage (en 2016, cela représentait 52 250 euros). En général, ces sommes ont été intégralement versées à SOS-LRS afin d’atténuer la participation financière des parents.

En ce qui concerne le financement des structures privées d’aide aux enfants atteints d’un trouble d’apprentissage, il est à noter que des services privés (comme, par exemple, Dys-Positif) ainsi que des orthophonistes et ergothérapeutes travaillant en libéral bénéficient des forfaits de l’Office national de l’enfance (ONE). Actuellement, il s’agit de 147 enfants dans ce cas, précise le ministre dans sa réponse. Un projet de règlement grand-ducal spécifiant le financement des mesures d’aide sociale à l’enfance et à la famille par l’ONE et visant la gratuité de ces mesures est en voie de finalisation.

Audrey Somnard

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