Accueil | Dossiers | Les défis du monde humanitaire

Les défis du monde humanitaire


La crise des réfugiés a notamment bouleversé le monde des ONG ces dernières années. (Photo MSF)

Cette année, la devise de la journée mondiale de l’ONU est «One Humanity». Elle vise à promouvoir les engagements pris lors du sommet humanitaire mondial organisé à Istanbul en mai dernier, qui aideront tous ceux qui ont besoin d’assistance humanitaire.

En mai, lors du sommet humanitaire mondial, à Istanbul, le Luxembourg a souscrit à l’ensemble des 32 engagements fondamentaux et a pris 42 engagements individuels. Il s’agissait de fixer des objectifs pour avancer avec plus d’efficacité et apporter une aide plus adaptée lors d’une situation historiquement exceptionnelle dans le monde de l’humanitaire. À cette occasion, le Luxembourg a fortement soutenu le lancement du «Grand Bargain», qui est un accord entre agences de mise en œuvre et donateurs. Le but est de rendre l’aide humanitaire plus efficace, notamment en la rendant plus prévisible. Alors que les ONG se sont de plus en plus professionnalisées ces dernières années, le focus est mis sur l’efficacité pour tirer le maximum des ressources qui leur sont allouées.

En 2016, le nombre de déplacés et de réfugiés ayant fui les multiples conflits et persécutions dans le monde a atteint un triste record de plus de 65 millions de personnes. Il faut ajouter à ce chiffre plus de 130 millions d’individus dans 40 pays qui ont besoin d’aide humanitaire. L’ONU et ses partenaires estiment avoir besoin de 21,6 milliards de dollars pour l’année 2016 afin de faire face, entre autres, aux crises syrienne, centrafricaine, sud-soudanaise, irakienne et yéménite. Tout un programme.

Un budget de 40 millions d’euros

De son côté, le Luxembourg consacre 40 millions d’euros du budget de l’aide publique au développement, à l’aide humanitaire. En 2015, c’est l’Afrique qui a été le principal bénéficiaire de cette aide (près de 40 %) et 22 % de la somme a été allouée aux ONG luxembourgeoises. À l’échelle du pays, la contribution grand-ducale est donc relativement généreuse, et les partis politiques sont unis sur le front de l’aide au développement.

Selon les Nation unies, 80 % des personnes vulnérables vivent dans des pays affectés par des conflits ce qui explique pourquoi la majorité des contributions luxembourgeoises s’inscrivent aujourd’hui dans des programmes humanitaires en réponse à des conflits prolongés. Au-delà de crises ponctuelles, l’humanitaire se tourne vers des guerres qui n’en finissent pas et dont les populations sont principalement les victimes. Le Luxembourg met également un accent particulier sur les crises oubliées et les programmes sous-financés qui sont moins médiatisés. À titre d’exemple, on peut citer la crise humanitaire dans la région du bassin du lac Tchad, qui s’est fortement accentuée en raison de la violence perpétrée par le groupe Boko Haram.

Audrey Somnard

Le chiffre

Le Luxembourg consacre 0,95 % de son Revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement. Sur le plan international, en 2015, le Luxembourg a confirmé sa position parmi les cinq bailleurs de fonds qui respectent l’engagement pris en 1970 au sein de l’Assemblée générale des Nations unies de consacrer au moins 0,70 % de leur RNB au développement. La chute du ratio APD/RNB sous la barre de 1 % s’explique par une forte réévaluation du RNB en cours d’année (+ 13 %) et non par une baisse du volume financier en termes absolus. En 2015, l’aide publique au développement luxembourgeoise s’est établie à 324 941 071 euros.

La première charte humanitaire

Cinq ONG luxembourgeoises ont signé, le 26 mai dernier, la première charte humanitaire du Luxembourg avec le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider. Elle scelle leurs positions communes et leurs engagements réciproques. La Croix-Rouge mais aussi Caritas, CARE, MSF et Handicap international ont adhéré à cette charte qui constitue une première transposition concrète des directives retenues lors du dernier sommet humanitaire mondial de l’ONU à Istanbul. Elle répond à l’appel du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour que les États s’unissent et coopèrent pour prévenir et mettre fin aux crises et réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples.

« Une capacité d’action rapide »

L'aide publique au développement est dédiée à 40% à l'Afrique. (Photo Alain Rischard)

L’aide publique au développement est dédiée à 40% à l’Afrique. (Photo Alain Rischard)

Le ministre de la Coopération, Romain Schneider, revient sur le rôle du Luxembourg au sein de l’aide humanitaire internationale.

Le Luxembourg est l’un des rares pays à respecter ses engagements en termes d’aide au développement, qu’en est-il ?

Romain Schneider : C’était une priorité du gouvernement. Et là-dessus, il y a un consensus auprès de tous les partis politiques pour que l’aide au développement reste au même niveau. Le Luxembourg consacre 0,95 % de son RNB à l’aide publique au développement. Sur le plan international, en 2015, le pays a confirmé sa position parmi les cinq bailleurs de fonds qui respectent l’engagement pris en 1970 au sein de l’Assemblée générale des Nations unies de consacrer au moins 0,70 % de leur RNB au développement. Nous avons un protocole d’accord et de suivi avec les 5 grandes ONG du pays (la Croix-Rouge, Caritas, MSF, CARE et Handicap international), auxquelles nous faisons confiance.

Quels sont les atouts du pays en matière d’aide humanitaire ?

Face à l’urgence, nous avons une capacité de réaction rapide, en quelques heures. Grâce aux dispositifs emergency.lu, Air Rescue et SES Astra, nous pouvons être sur les lieux en quelques heures et mettre en place la coordination qui sera primordiale en attendant le gros des troupes. Bien sûr, il faut rester à notre échelle et les grands pays ont de gros moyens, mais rétablir ou renforcer les moyens de communication est primordial pour une réponse efficace à une crise. Une bonne coordination sur le terrain est essentielle, car le filet de sécurité pour le personnel humanitaire n’existe plus. Les missions étaient déjà dangereuses, mais les ONG sont aujourd’hui directement visées, alors que nous devons assurer une sécurité maximum pour ce personnel qui se bat sur le terrain et peut le payer de sa vie, comme cela a été particulièrement le cas pendant l’épidémie d’Ebola par exemple.

Quels sont les priorités du Grand-Duché en matière d’aide au développement ?

Il s’agit de garder un équilibre entre le travail entrepris dans les pays cibles (Nicaragua, Salvador, Cap-Vert, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Laos, Vietnam) et les crises actuelles comme, bien sûr, celle des réfugiés, sans compter des crises oubliées des médias et sur lesquelles nous travaillons également. Nous avons aussi mis en place des projets sous l’égide de l’Unicef concernant l’éducation, une de nos priorités. Nous voulons travailler avec la génération perdue des enfants de réfugiés qui ne peuvent plus aller à l’école, depuis des années pour certains. Nous souhaitons donner une perspective d’avenir à ces jeunes dans leur pays.

Recueilli par A. S.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.