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Lourdeurs administratives : « Une honte pour l’État portugais »


Les pensionnés sont les premiers concernés par ces blocages. Pour pouvoir partir à la retraite après avoir cotisé les 40 années prévues par la loi, de nombreux immigrés portugais doivent disposer d'un formulaire attestant les cotisations versées à la sécurité sociale portugaise. (Illustration : Fabrizio Pizzolante)

En amont de la visite, lundi, du secrétaire d’État aux Communautés portugaises, l’OGBL dénonce les lourdeurs administratives persistantes qui pénalisent les pensionnés et familles immigrés au Luxembourg.

Partir à la retraite après 40 années de cotisation, obtenir une prolongation des indemnités de chômage ou assurer le versement des allocations familiales vers le Portugal : tous ces cas de figure nécessitent une coopération avec les autorités à Lisbonne. Les rouages administratifs restent cependant souvent bloqués. Le camp syndical revendique enfin des avancées concrètes.

« Jusqu’à présent on a eu droit à de belles promesses de la part de l’État portugais. On n’a cependant en rien avancé», fustige d’emblée Carlos Pereira, membre du comité exécutif de l’OGBL. Une délégation du premier syndicat du pays a rencontré vendredi les ministres du Travail et de la Sécurité sociale pour aborder les problèmes administratifs auxquels restent confrontés bon nombre d’immigrés portugais. «Ces problèmes impactent négativement les personnes concernées. Les dossiers traînent depuis des années», déplore notre interlocuteur. C’est surtout au niveau de la sécurité sociale que cela coince. Les règlements européens ont défini un cadre précis pour réguler les échanges administratifs à ce niveau. Les pensions, les allocations de chômage, les allocations de famille mais aussi les procédures en cas de décès nécessitent la coopération entre les autorités luxembourgeoises et portugaises. Les rouages bloquent cependant depuis longtemps. La patience de l’OGBL est aujourd’hui épuisée. «Pour nous, c’est une honte pour l’État portugais », souligne Carlos Pereira.

«Ils veulent simplement partir à la retraite»

Les pensionnés sont les premiers concernés par ces blocages sur le plan administratif. Pour pouvoir partir à la retraite après avoir cotisé les 40 années prévues par la loi, de nombreux immigrés portugais doivent disposer d’un formulaire attestant les cotisations versées à la sécurité sociale portugaise. «Bon nombre ont travaillé 30 ans au Luxembourg. Pour pouvoir bénéficier des 10 ans qu’ils ont prestés au Portugal avant de s’établir au Grand-Duché, ils ont impérativement besoin de cette attestation», détaille le représentant syndical. Un manque d’effectifs et un important retard au niveau de la numérisation des archives du côté portugais ne facilitent pas les échanges. Quelque 600 dossiers resteraient ainsi bloqués. «Au lieu que cette démarche se fasse en deux ou trois mois, elle prend souvent deux ou trois années. Pendant ce temps, les personnes concernées sont obligées de continuer à travailler alors qu’elles ont cotisé 40 ans», note Carlos Pereira.

Ce sont les données datant d’avant 1985 qui posent le plus de problèmes. Quoi qu’il en soit, le syndicat réclame une solution rapide et pragmatique. «Il serait temps de mettre en place un canal de communication direct entre les deux administrations », estime Carlos Pereira. Dans ce même ordre d’idées, l’OGBL revendique la répétition des journées d’information réunissant des fonctionnaires luxembourgeois et portugais. Sur deux semaines, jusqu’à 600 personnes pourraient ainsi être renseignées. Le syndicat espère que le dossier va enfin avancer ce lundi lors de la visite au Luxembourg du secrétaire d’État aux Communautés portugaises. José Luis Carneiro sera reçu par le ministre du Travail, Dan Kersch, et le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider. «C’est moins le montant de la pension que verserait l’État portugais qui intéresse les concernés que le fait de pouvoir faire valoir leurs droits à la retraite», termine le syndicaliste.

Ce genre de blocages sur le plan administratif concerne aussi d’autres volets de la sécurité sociale. Les parents travaillant au Luxembourg dont les enfants sont restés au Portugal ont ainsi des difficultés pour le versement des allocations familiales. «Un certificat est nécessaire pour définir quelles allocations ces enfants touchent au Portugal et donc calculer le montant global à verser», explique Carlos Pereira. Les chômeurs de plus de 50 ans, qui ont cotisé au moins 30 ans, doivent aussi fournir une pièce des autorités portugaises, afin d’obtenir une prolongation à deux ans des indemnités de chômage. La même lourdeur administrative empêche souvent le versement de la pension de survie aux veuves de salariés portugais ayant travaillé au Luxembourg. Le gouvernement promet dans un communiqué un «renforcement de la coopération en matière de sécurité sociale». L’OGBL attend de voir enfin des résultats concrets.

David Marques

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