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Lutte contre les violences conjugales : le Luxembourg cité en exemple


La présentation des politiques pénales dans les quatre pays frontaliers a été suivie par une conférence du Dr Roland Coutanceau, médecin psychiatre, criminologue. (photo RL/Pierre Heckler)

« Nous avons dix ans de retard sur le Luxembourg. » Le procureur de la République de Thionville, Christelle Dumont, a eu l’occasion de le constater ce vendredi 27 novembre lors d’une journée de travail transfrontalière sur les violences conjugales, organisée au sein du tribunal de grande instance.

Magistrats, avocats, psychologues, représentants du monde médical, de la police et de la gendarmerie venus de Belgique, du Luxembourg, d’Allemagne, de France ont échangé sur les pratiques, les réponses judiciaires appliquées dans leur pays respectif. Une première qui met en lumière des disparités notables.

La prise en charge des victimes n’est pas la seule préoccupation des autorités pour soigner ce mal sans frontière. « Il faut avoir des services pour les deux côtés : pour les victimes et pour les présumés auteurs », relève Doris Woltz, procureur d’État adjoint au Luxembourg. Depuis onze ans, le Grand-Duché a mis en place le Riichteraus. « On pourrait traduire ce mot par « tout droit », « franchement » », précise la magistrate.

« Le Riichteraus est un service d’assistance aux auteurs de ces violences », poursuit-elle. L’objectif de ce service public est de les responsabiliser par le biais d’entretiens individuels obligatoires mais qui peuvent également être sollicités spontanément. « Une contribution financière leur est demandée en fonction de leurs moyens , note une psychologue du Riichteraus. Nous aidons la personne à être auteur de sa vie plutôt que d’être auteur de violences. » Seul bémol : ce suivi ne s’applique qu’aux auteurs qui ne sont pas, ou plus, sujets à des problèmes d’alcool ou de drogue, pourtant souvent liés à l’infraction dénoncée.

Deux États, deux mesures

Côté français, les choses ne sont pas (encore) tout à fait cadrées de cette façon. « Des stages de responsabilisation seront mis en place pour les auteurs de violences conjugales », tempère le procureur de Thionville, Christelle Dumont. Une mesure pilote, prononcée par le juge ou le procureur, bientôt appliquée sur le secteur avec le concours de l’association Lestive engagée dans la lutte contre les violences conjugales.

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Deux États, deux mesures, donc. Plusieurs illustrations ont ainsi marqué cette journée de réflexion entre experts de terrain. « Notre but est d’optimiser nos interventions, de développer encore plus d’outils pour mieux repérer, mieux cibler les auditions, mieux répondre pénalement en prenant des décisions adaptées aux profils rencontrés », résume Nadine Barthélémy, intervenante sociale police auprès du commissariat de Thionville. La professionnelle est à l’initiative de ces rencontres transfrontalières sur un sujet dramatiquement concernant.

En France, les chiffres officiels font froid dans le dos. Pour exemple, de novembre 2014 à octobre 2015, 82 635 faits de violences commis par conjoint ou ex-conjoint ont été recensés. Dans 88 % des cas, la victime est une femme.

F.T. (Le Républicain lorrain)

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