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Pédopornographie : la lutte continue au Luxembourg


Vingt-cinq personnes ont été condamnées en 2019 pour détention ou partage de matériel pédopornographique. (illustration Julien Garroy)

Les signalements de partage et de détention de matériel pédopornographique ont quadruplé en trois ans. L’accès simplifié aux sites internet dédiés y est pour quelque chose.

Vingt-cinq personnes ont été condamnées l’an passé au Luxembourg pour détention ou partage de matériel pédopornographique, dont deux par une cour criminelle. Un chiffre qui se stabilise après avoir doublé de manière inquiétante entre 2013 et 2016, passant de 25 condamnations à 49. Ce qui n’est pas le cas des signalements et des cas transmis aux autorités qui ont quadruplé ces trois dernières années. Le Kanner-Jugendtelefon (KJT), la ligne téléphonique destinée aux enfants, a reçu 3 039 signalements en 2019, 2 047 en 2018 et 750 en 2017. 2 521 ont été jugés illégaux et 2 327 ont été transmis à la police qui prend uniquement en compte les contenus signalés et hébergés au Luxembourg. En 2018, 1 728 cas ont été transmis à la police, contre 591 l’année précédente.

Cette augmentation significative n’est pas uniquement due à une meilleure vigilance de la part des internautes et des organismes de veille, mais avant tout aux services au Luxembourg d’un fournisseur de capacités de serveurs spécialisés dans la diffusion de ce type de contenus, basé à l’étranger. Une situation qui donne du fil à retordre à la police et à son ministre François Bausch, condamnés à faire aveu de faiblesse et à reconnaître un manque de personnel dans les services de police judiciaire et de protection de la jeunesse et infractions à caractère sexuel. Actuellement, 31 agents travaillent dans ces deux services. Ils devraient recevoir des renforts dans le cadre du plan de recrutement extraordinaire.

Le KJT, qui connaissait les mêmes déboires, a été renforcé cette année d’un demi-poste par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse. Ce qui est largement insuffisant alors que l’équipe ne comptait que 4,375 postes pour recueillir et trier les signalements. Signalements qui peuvent également être effectués dans n’importe quel commissariat, rappellent les ministres François Bausch, Claude Meisch et Sam Tanson en réponse à une question parlementaire de Nancy Arendt.

Des thérapies possibles en détention

La députée chrétienne-sociale souhaitait également savoir si le Luxembourg avait mis des thérapies en place pour aider les auteurs de ces actes de détention ou de partage de matériel pédopornographique. Or, il n’existe ni thérapie individuelle ou universelle ni thérapie de groupe. Dans le cas d’une première condamnation, l’auteur est généralement condamné à une peine de cinq ans avec sursis et à l’obligation de suivre une thérapie «même si celle-ci n’a lieu que deux fois par an». Les auteurs condamnés à une peine de prison ferme sont détenus au centre pénitentiaire de Luxembourg ou à celui de Givenich. «De nombreux psychothérapeutes n’hésitent pas à se rendre régulièrement en prison pour proposer des thérapies», indiquent les trois ministres. Cependant, «un auteur condamné à de la prison ferme n’est pas obligé de se soumettre à une thérapie».

Quant à savoir si ces thérapies portent leurs fruits, les ministres bottent en touche. Il serait difficile pour les thérapeutes et les agents de probation de contrôler si la personne respecte l’interdiction de se rendre sur des sites internet proposant des contenus pédopornographiques, de même que de prouver qu’une personne participe activement à la thérapie qui lui est proposée. Secret médical oblige, notamment. On peut donc savoir si la thérapie a bien eu lieu, mais pas si elle a été efficace.

L’action du KJT s’adresse d’abord aux enfants et aux jeunes en leur proposant une écoute et une aide depuis 28 ans. Le volet pédopornographique s’est greffé en 2008.

Sophie Kieffer

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