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Réforme du stage : l’industrie n’en veut pas


"Renchérir le coût des stages n'est pas un signe encourageant pour nous", explique-t-on du côté du groupe Alipa. (illustration Didier Sylvestre)

L’industrie accueille d’un mauvais œil la volonté du gouvernement d’imposer une rémunération pour les stagiaires.

Le groupe Alipa, spécialiste luxembourgeois du levage et de l’emballage industriels, qui accueille chaque année des stagiaires dans le cadre de leurs études ou encore pendant la période de vacances scolaires, ne voit pas d’un bon œil la future réglementation concernant, entre autres, la rémunération des stagiaires en entreprise.

«Chez Alipa, nous avons un barème de primes qui tient compte de la durée du stage et de la qualité du travail accompli par nos stagiaires. Le but étant pédagogique afin de montrer aux jeunes la reconnaissance du travail bien fait», explique Michèle Detaille, managing director du groupe Alipa, avant d’ajouter : «Il arrive que le stagiaire soit ensuite engagé pendant les vacances comme étudiant. Il arrive aussi que nous proposions un CDI aux stagiaires à la fin de leurs études. À ce jour, nous avons trois anciens stagiaires qui occupent chez nous des postes à responsabilités : comptable, responsable grand export et responsable commercial.»

Un poids supplémentaire

Mais avec la future loi, la question de la rémunération pourrait freiner certaines entreprises ou les inciter à diminuer le nombre de leurs stagiaires. Pour Michèle Detaille, cette loi sera un poids supplémentaire pour les entreprises qui, selon elle, dépensent déjà du temps et de l’argent pour les stagiaires. Le coût d’un stagiaire pour l’entreprise est réel : «Il faut un équipement informatique supplémentaire, des licences pour accéder aux programmes utilisés dans l’entreprise, un badge d’accès aux locaux, un poste de travail, une initiation aux règles de sécurité et au règlement du travail. Le maître de stage passe du temps à aider son stagiaire, à transmettre son savoir et à assister à la défense du travail de fin d’études. De plus, les démarches administratives (recrutement, contacts avec l’école, rencontre avec le professeur, etc.) sont accomplies par le département des ressources humaines.»

Un sentiment partagé par l’industrie puisque Michèle Detaille est également la présidente de la Fedil. «Les craintes du patronat sont réelles. Cette mesure nous semble contre-productive. Qu’en sera-t-il par exemple des jeunes qui suivent une formation professionnalisante et pour qui un stage est obligatoire sous peine de ne pas recevoir leur diplôme ? La Fedil dépense de l’énergie, du temps et de l’argent, en partenariat avec le ministère de l’Économie et la Chambre de commerce, pour inciter les jeunes à rejoindre l’industrie via l’opération « Hello Future ». Elle encourage les entreprises à ouvrir leurs portes aux jeunes en quête de formation. Renchérir le coût des stages n’est pas un signe encourageant pour nous», insiste la présidente, se faisant ainsi la voix de l’industrie luxembourgeoise.

Jeremy Zabatta

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