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Un vent nouveau souffle sur la Cour


La Cour grand-ducale est en pleine réorganisation et modernisation. Un nouvel organigramme, comprenant, notamment, la création d'un poste de chef de cabinet du Grand-Duc, a été présenté mercredi. (photo Didier Sylvestre)

La Cour grand-ducale est en cours de réorganisation et de modernisation. Les souverains entendent notamment s’impliquer davantage dans la vie de la maison grand-ducale. Annoncés depuis quelques mois, ces profonds changements, détaillés mercredi, interviennent dans l’organigramme, notamment avec la création d’un poste de chef de cabinet du Grand-Duc.

Ce mercredi 7 octobre marquait le quinzième anniversaire de l’accession au trône du Grand-Duc Henri. C’était aussi la journée mondiale d’action pour le travail décent. Et de travail il en a été fortement question au palais grand-ducal, lors d’une conférence de presse de présentation de la réorganisation et de la «modernisation» de la Cour. Initialement, cette rencontre avec les médias devaient revêtir un caractère purement informel, selon l’invitation du Palais grand-ducal.

Pierre Bley, le maréchal de la Cour, a présenté ce « chantier » de réorganisation comme une opération purement interne à la maison grand-ducale, sans incidence sur l’extérieur, c’est-à-dire sur le rôle du Grand-Duc dans sa relation avec le pouvoir politique.

Chantal Selva, qui a supervisé la réorganisation, Pierre Bley, maréchal de la Cour, et Michel Heintz, futur chef de cabinet du Grand-Duc. (photo Jean-Claude Ernst)

Chantal Selva, qui a supervisé la réorganisation, Pierre Bley, maréchal de la Cour, et Michel Heintz, futur chef de cabinet du Grand-Duc. (photo Jean-Claude Ernst)

Pierre Bley, qui quittera ses fonctions de maréchal en fin d’année, restera néanmoins attaché au service du Grand-Duc dont il sera l’émissaire spécial pour des missions ponctuelles. Son remplaçant est en cours de recrutement mais ne remplira plus tout à fait les mêmes fonctions. S’il sera renforcé dans ses fonctions de représentation du Grand-Duc, le futur maréchal perdra en revanche son rôle de plus proche collaborateur du Grand-Duc et sa mainmise sur l’administration du Palais sera amoindrie en faveur d’un chef de cabinet et porte-paroles du souverain.

Moins de responsabilités pour le maréchal

Cette fonction de nouvel homme fort sera occupée par Michel Heintz. Déjà conseiller diplomatique à la Cour après avoir notamment officié au ministère d’État, Michel Heintz présente la particularité d’être passé par l’École nationale d’administration (ENA) en France. Il entend pleinement seconder le Grand-Duc dans sa volonté de « s’impliquer davantage dans la gouvernance de la maison grand-ducale », une structure qu’il compare à une entreprise. « La monarchie doit trouver un subtil équilibre entre tradition et modernité : elle veut s’ancrer dans son temps tout en gardant de la distance », a-t-il exposé.

Cette mission de réorganisation, comprenant également la création d’un bureau pour la Grande-Duchesse, d’un secrétariat général pour les princes et d’une direction du protocole, a été supervisée par Chantal Selva, une psychosociologue française, spécialisée dans la conduite de changements organisationnels. Elle occupera à l’avenir le poste de chargée de la stratégie de la Cour, tout en conservant son statut de consultante externe afin de lui permettre de « conserver la distance nécessaire » à ce rôle. C’est elle qui a présenté à la centaine d’employés formant le personnel de la Cour le nouvel organigramme qui, selon ses dires, a été bien reçu.

La volonté de donner une image plus moderne de la Cour a aussi pris hier des allures de démenti des rumeurs qui éclosent depuis des mois sur d’éventuelles tensions au sein de la Cour, voire au sein même du couple grand-ducal. « Il n’y a pas de questions taboues », a affirmé Chantal Selva.

Phobie de l’avion

Il en va ainsi de l’absence remarquée de la souveraine lors de visites officielles ou d’État, comme ce fut récemment le cas en Chine ou au Cap-Vert. « La Grande-Duchesse souffre de phobie des transports aériens », a révélé la conseillère, indiquant que, de ce fait, la décision a été prise d’éviter à Maria Teresa de pénibles déplacements en avion. « La Grande-Duchesse n’a pas mauvais caractère, comme le colporte une légende urbaine, elle est une femme de devoir qui a une haute considération de sa fonction », a insisté Chantal Selva.

Athenee Projet Unesco avec la grande duchesse

« La Grande-Duchesse souffre de phobie des transports aériens », a révélé la conseillère Chantal Selva. (photo Tania Feller)

Quant à l’accumulation de départs de plusieurs cadres de la Cour, annoncés ces dernières semaines, elle serait due en partie au hasard du calendrier. Ainsi, le secrétaire général de l’administration des biens du Grand-Duc, Christian Billon, avait d’emblée conditionné sa prise de fonction il y a deux ans à son départ à la retraite cette année. Il sera remplacé par Jean-Baptiste Van Maele, recruté parmi trente candidats sur la base de compétences managériales acquises dans le secteur privé.

Le propos a été quelque peu plus alambiqué sur le départ, mi-septembre, d’Isabelle Faber, chargée depuis cinq ans des relations avec la presse. Avançant que l’intéressée avait été pleinement impliquée dans la réorganisation, Chantal Selva a néanmoins laissé entendre que la communication serait à l’avenir « moins événementielle », c’est-à-dire moins «people». L’accent sera davantage mis sur les activités du chef de l’État, notamment sur les audiences qu’il accorde aux dirigeants étrangers, sans pour autant dévoiler le contenu des discussions.

Ce type de communication engendrera moins de frais, a estimé Chantal Selva, qui a appuyé sur le fait que la réorganisation se faisait à moyens financiers constants. Et puisque le Palais fonctionnera en partie comme une entreprise, un rapport d’activité sera publié chaque année, a annoncé Pierre Bley, tout en précisant qu’il ne comprendra aucun aspect financier. Il a renvoyé pour cela vers le budget de l’État. Budget qui prévoit une augmentation de 8,3 % de la dotation de la Cour grand-ducale d’ici à 2018, année où elle s’établira à 10,6 millions d’euros.

Fabien Grasser

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