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Destruction de maisons historiques : l’État porte plainte


La démolition de la maison au numéro 35 (à g.) a commencé sans aucune autorisation. (photo Fabrizio Pizzolante)

Rue Jean-l’Aveugle à Luxembourg, la destruction de maisons susceptibles d’être classées monuments nationaux aura une suite sur le plan pénal.

Les promoteurs n’ont pas tardé à passer à l’acte. Jeudi, les travaux de démolition et de réaménagement de deux maisons historiques, sises rue Jean-L’Aveugle, ont été lancés à peine 24 heures après la montée au front des Lampertsbierger Geschichtsfrënn. L’association redoutait la disparition de ces témoins du passé et donc la perte d’une nouvelle partie de l’histoire du quartier Limpertsberg. Un appel urgent avait par conséquent été adressé au ministère de la Culture, en charge de classer le patrimoine en tant que monument national.

Le ministère a précisé jeudi soir que le Service des sites et monuments avait été saisi en décembre et en janvier de demandes pour classer «plusieurs séries d’immeubles» de la rue Jean-L’Aveugle. Il s’agit notamment des maisons sises aux numéros 15 et 39, toutes deux vouées à disparaître. Le ministère de la Culture avait bien précisé dès le mois de février aux deux propriétaires concernés qu’il avait l’intention de classer les deux maisons. La lettre envoyée au propriétaire de la maison au numéro 39 est restée sans réponse.

Dès mercredi, le ministère nous avait confirmé que deux procédures d’urgence avaient été engagées pour sauvegarder le patrimoine de la rue Jean-L’Aveugle. Les arrêtés ministériels ont été transmis mercredi après-midi et jeudi matin par voie de huissier aux propriétaires concernés. Ces arrêtés sont suspensifs et tous les travaux auraient dû être stoppés dans l’immédiat.

« Situation inédite »

«Les agents de l’État ont cependant constaté qu’à cette date (jeudi) ni les travaux au numéro 15 ni les travaux aux numéros 39 n’ont été interrompus», s’indigne le ministère de la Culture dans un communiqué diffusé sur le coup de 19h. Les agents de l’État n’ont pas tardé à saisir la police pour faire arrêter les travaux de démolition déjà bien avancés sur la maison sise au numéro 23.

Les propriétaires et les promoteurs risquent désormais des «poursuites pénales». «Suite au non-respect des dispositions de la loi, le Service des sites et monuments Nationaux fait savoir qu’il a porté plainte contre les propriétaires des immeubles concernés», poursuit le communiqué.

Alors que la ministre de la Culture continue de plaider pour une «refonte» des procédures en termes de classement du patrimoine, les responsables étatiques déplorent d’avoir été confrontés dans ce cas précis «à une situation inédite, à une destruction volontariste et sans précédent d’une partie de notre patrimoine national, et ce, de surcroît, au mépris des dispositions légales en vigueur».

Afin d’éviter d’autres couacs majeurs, la ministre compte réviser rapidement les procédures internes relatives aux demandes de classement. «Le patrimoine, notre bien commun, est une ressource irréversible et en danger, sa préservation, une nécessité absolue», conclut Sam Tanson, ancienne échevine de Luxembourg.

David Marques

Un commentaire

  1. C’est intéressant de savoir qu’il existe des lois concernant la promotion du patrimoine culturel au Luxembourg. Cependant depuis les années 1970, il existe beaucoup d’endroits qui ont été défiguré à Luxembourg-ville et dans tout le Grand-Duché, des centaines de maisons, d’anciennes fermes ont été détruite pour faire place à des immeubles. La ville de Luxembourg est déjà fortement défiguré et hormis quelques rues qui subsistent dans le centre, il n’y a pas grand-chose. Il n’y a pas vraiment de respect pour le passé et en tout cas pour la patrimoine culturel que celui-ci soit matériel ou immatériel.

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