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Luxembourg à 1 million d’habitants ? Le CSV attend du concret


La foule lors de la dernière fête nationale... comment accueillir 1 million d'habitants d'ici 2060 au Luxembourg ? (Photo : Alain Rischard).

«Un Luxembourg à un million d’habitants n’est pas un scénario catastrophe si nous y travaillons», a affirmé la semaine dernière Corine Cahen, la ministre chargée de la Grande Région. Face aux perspectives assez alarmistes, le CSV voudrait des annonces concrètes sur le logement et la gestion des infrastructures.

Le député Marc Spautz s’interroge ce lundi sur les propos tenus par la ministre Cahen la semaine dernière, à l’occasion d’une conférence organisée par le laboratoire d’idées Idéa.

«Selon une étude récente de la Fondation Idea, la population du Grand-Duché est passée d’environ 365 000 habitants au début des années 1980 à plus de 613 000 aujourd’hui», écrit le député dans sa question parlementaire.  Si la croissance se poursuit dans les mêmes conditions (taux de productivité stable) la limite symbolique d’un million d’habitants pourrait être atteinte «d’ici 2060», note Marc Spautz.  Et le ministre d’interroger : «Quelles mesures concrètes seront prises pour créer à la fois les logements appropriés et l’infrastructure nécessaire pour répondre de manière proactive à cette évolution démographique future ?»

Vers une économie à plus de 50% des actifs résidant à l’étranger ?

La question mérite d’être posée, sachant que Marc Hansen, l’ancien ministre du Logement, déclarait déjà en 2018 que « le retard de construction de logements est estimé à 30 000 unités ». Et que ce retard s’accentue chaque année, puisque selon les chiffres du Statec,  il n’y a pas de signes d’une résidentialisation des actifs. Au contraire, on assiste à une explosion du nombre de frontaliers. En décembre 2018, le Statec notait que l’augmentation des frontaliers avait été de 4,8 % sur l’année, pendant que l’augmentation du nombre d’actifs résidents était de 3 %. Il est donc à parier qu’à terme, sur le même rythme, les frontaliers qui représentaient 46% des actifs en 2018, dépasse la barre symbolique des 50%. Bref, un pays où la majeure partie des gens qui y travaillent et qui créent la richesse vivraient à l’étranger.

Hubert Gamelon

Quels leviers possibles ?

Trois leviers permettraient de rééquilibrer cette donnée :

• Proposer un choc majeur de l’offre de logements: un défi colossal, sachant que 92% des terrains constructibles appartiennent à des privés. Surtout, une augmentation brutale du nombre de résidents poserait le problème du financement de nouvelles infrastructures publiques pour les accueillir. Il ne suffit pas de favoriser la politique de logement, il faut aussi bâtir les écoles, salles de sports, parcs, infrastructures médicales et culturelles qui vont avec. Pour financer ces nouveaux besoins, il faudrait trouver de nouveaux leviers : création d’une véritable taxe d’habitation ? Augmentation de la TVA ? Augmentation des impôts sur les sociétés ? En tout cas, difficile d’augmenter les impôts sur le revenu qui sont parfois plus forts que chez nos voisins.

• Augmenter le taux de productivité de l’économie luxembourgeoise : comprendre, réussir à produire une richesse égale avec moins de bras donc moins de gens à loger. Mais c’est pour l’instant tout l’inverse qui se passe, comme le décrivait le directeur de la Chambre du commerce Carlo Thelen avec retentissement en novembre dernier : La productivité a diminué de quelque 5% au total entre 2000-2017 au Grand-Duché.

• Assumer une croissance moins forte que les  +3,2% de moyenne de ces dernières années. Mais se poserait de façon encore plus forte la question des retraites à financer.

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