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La menace de l’e-démocratie

Quel est le point commun entre la Catalogne et la Lombardie? Le fait que ces deux régions ont réalisé un référendum pour obtenir plus d’autonomie? OK, mais pas seulement. Ces deux régions sont coupables d’avoir cédé à un fléau : le vote électronique.

Les machines à voter, c’est le progrès, dit-on. Ah bon? Pour l’instant, l’Histoire dit le contraire. Prenons les dernières élections aux États-Unis. De nombreux hackers ont alors tiré la sonnette d’alarme : pirater les machines de vote américaines était un jeu d’enfant. Prenons les dernières législatives en France. Le vote électronique a été suspendu par crainte de cyberattaques. Et on peut continuer ainsi jusqu’aux origines de ces machines à tuer la démocratie…

Car la démocratie et l’e-démocratie ne sont pas tout à fait la même chose. Le vote à l’ancienne, avec une urne, des bulletins et des assesseurs, est peut-être d’un autre temps, mais il a au moins deux avantages incomparables. Le premier, c’est le secret du vote. Lors d’un vote classique, l’électeur s’isole, place le bulletin de son choix dans une enveloppe, et glisse cette dernière dans l’urne transparente, devant le responsable du bureau de vote et des témoins. Le secret est bien gardé.

Le second avantage, c’est le respect du vote. Chaque votant peut rester jusqu’à la fin du dépouillement, s’il le souhaite, pour s’en assurer. De plus, les urnes transparentes et le dépouillement devant témoins permettent de contrôler le bon déroulement du scrutin.

Bien sûr, vote électronique et vote manuel sont tous les deux exposés au risque d’élections truquées, mais le vote manuel permet au moins ce garde-fou qu’est le contrôle citoyen.
Alors qu’avec le vote électronique, les clés du scrutin nous échappent. On s’en remet à la prétendue neutralité et infaillibilité des machines, oubliant que seule une poignée d’ingénieurs peuvent la certifier, et que cette infaillibilité peut être corrompue par des personnes internes (rappelons que le but d’une entreprise est le profit, pas la démocratie) ou externes (cyberattaque). Bref, choisir le vote électronique, c’est prendre un risque énorme : celui de trahir la démocratie.

Romain Van Dyck

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