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Acide déversé sur le crassier de Florange : la thèse se confirme

En attendant les conclusions de l’enquête, de nouveaux éléments rapportés par des journalistes de Canal + font grandir les suspicions de déversements d’acide sur le crassier d’Arcelor à Florange.

Yvan a travaillé de 2004 à 2008 sur le site d’ArcelorMittal à Florange, pour le compte de Sanest, un sous-traitant du sidérurgiste. Il se rendait souvent sur le crassier pour y déverser les déchets de l’industriel : « L’acide souillé, je l’ai fait aussi. Ce n’est pas normal, mais ça a toujours été comme ça. » La citation choque. Elle est extraite de l’émission Sous le radar, diffusée lundi soir sur la chaîne Planète+ (groupe Canal+).

Pendant plusieurs mois, les journalistes ont enquêté sur cette affaire de pollution à l’acide révélée en juin dernier par le Républicain Lorrain. Karim Ben Ali, alors intérimaire chez le sous-traitant Sanest, affirmait avoir été contraint de déverser des milliers de litres d’acide de l’usine sidérurgique sur le crassier. Une enquête est toujours en cours, mais les nouveaux éléments apportés par le reportage étayent son propos.

Sur une vidéo tournée lors du déversement, la plaque de signalisation fixée à l’arrière du camion-citerne apparaît à l’écran. Les chiffres 80/1789 y sont inscrits. Ils précisent le contenant du camion aux secours en cas d’accident. D’après la classification ADR (Accord for dangerous goods by road), le chiffre 80 indique la présence d’une « matière corrosive », tandis que 1789 se rapporte à l’acide chlorhydrique.

ArcelorMittal aurait su bien avant

Autre élément troublant, les analyses du sol sur le lieu des déversements. Effectuées par le laboratoire indépendant Analytika pour les besoins du reportage, elles mettent en évidence des taux de chlorure et de sulfate respectivement trente et quatre-vingts fois supérieurs à la normale. Mais la présence de ces deux composants de l’acide chlorhydrique n’est pas, selon le laboratoire, une preuve scientifique irréfutable de déversement.

Enfin, l’enquête montre que la direction d’ArcelorMittal à Hayange avait été informée, dès le mois de janvier 2017, de ces pollutions illégales. Un pompier mis dans la confidence par le lanceur d’alerte, par ailleurs salarié du géant sidérurgique, avait vendu la mèche. Or, Arcelor a toujours affirmé n’être au courant de rien avant juillet. Depuis, elle nie les faits et ne souhaite pas répondre à nos sollicitations « tant que l’instruction judiciaire est en cours ».

Damien Golini (Le Républicain Lorrain)

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