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Panama Papers : Pierre Gramegna défend le patron de la CSSF


Claude Marx dirige la Commission de surveillance du secteur financier depuis début 2016. (photo archives LQ)

Pierre Gramegna ne voit rien d’illégal ni de gênant dans l’implication de Claude Marx (le patron du gendarme financier luxembourgeois) dans la création de sociétés offshore au Panama lorsqu’il officiait chez HSBC Private Bank Luxembourg.

Selon les révélations de la Süddeutsche Zeitung, le 15 mars, le directeur de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), Claude Marx, s’était beaucoup impliqué dans les activités financières offshore révélées par les Panama Papers, lorsqu’il officiait chez HSBC Private Bank.

Selon les e-mails que s’est procurés le journal allemand, Claude Marx aurait été en contact direct et régulier avec le cabinet panaméen Mossack Fonseca entre 1996 et 2010, et se serait occupé « de l’achat, de l’entretien, du paiement et de la liquidation » de sociétés offshore pour le compte de clients de la banque britannique.

Interrogé sur le sujet dans une question parlementaire des députés Gilles Roth et Marc Spautz (CSV), le ministre des Finances Pierre Gramegna défend le patron du gendarme de la place financière luxembourgeoise : « Les contacts que M. Marx a pu avoir avec Mossack Fonseca n’ont pas fait l’objet d’un examen particulier en amont de sa nomination, étant donné que d’une part, ces faits ne constituaient pas un élément déterminant de son activité professionnelle et que d’autre part, ils ne représentent aucune illégalité. »

Rien de gênant ni d’illégal donc, selon Pierre Gramegna, qui reprend la stratégie de défense utilisée dans l’affaire LuxLeaks. Selon les éléments de la Süddeutsche Zeitung, le patron de la CSSF aurait pourtant fondé ou géré 140 sociétés offshore chez Mossack Fonseca, s’attelant lui-même à cacher les noms des propriétaires réels de ces sociétés panaméennes, en utilisant des directeurs-écrans. Il aurait été l’intermédiaire direct pour certaines sociétés offshore, des factures ayant été adressées à son nom.

Le ministre des Finances évacue ces accusations : « Ni ces articles, ni les documents publiés à l’appui de leurs allégations par les journalistes de la Süddeutsche Zeitung ne permettent de remettre en cause le fait que Claude Marx n’a jamais. été directeur ou actionnaire d’une société panaméenne. Il n’a eu des contacts avec le cabinet Mossack Fonseca que dans le cadre de ses activités professionnelles, pour le compte et à la demande de clients de la banque qui l’employait à l’époque. »

« Sa riche expérience a constitué un atout de son dossier »

Circulez, il n’y aurait rien à voir. À l’inverse, le ministre préfère souligner que depuis son entrée en fonction, le patron de la CSSF « fait preuve de rigueur dans la mise en œuvre dés plus hauts standards dans la supervision prudentielle. Ceci est d’ailleurs souligné par l’enquête lancée par la CSSF suite à la publication des Panama Papers. »

Rien ne saurait donc « remettre en question l’aptitude de M.Marx à mener à bien sa mission au sein de la CSSF », poursuit Pierre Gramegna, puisque c’est précisément sa « riche expérience dans le secteur privé qui a constitué un atout de son dossier », ayant abouti à sa nomination début 2016.

« Il n’est pas illégal de créer une société au Panama »

La réponse du ministre des Finances doit finalement être lue à la lumière de cette seule phrase qui irrigue le reste : « D’une manière générale, il est à noter qu’il n’est pas illégal en soi pour un contribuable d’un autre pays de créer une société au Panama. » Pierre Gramegna préfère feindre d’ignorer que ces sociétés servent toutes ou presque à dissimuler des milliards d’euros aux autorités fiscales du monde entier, avec la complicité active des intermédiaires des places financières, la place luxembourgeoise en tête.

« Tout était légal au moment des faits », s’était déjà contenté le ministre des Finances, début mars, devant la commission d’enquête PANA du Parlement européen, indiquant que le Grand-Duché a depuis adapté sa législation face à ces procédés douteux.

Sy. A. / Le Quotidien

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